Si quelqu’un ignore encore combien la France est belle, je lui prescris immédiatement un voyage à la découverte du nord Aveyron. C’est ici le pays de Cendrillon et de Peau d’Âne. Un chapelet de villages beaux comme les enluminures des vieux grimoires, de Conques à Espalion, de Saint Côme d’Olt à Salles-la-Source, de Bozouls à Estaing, dessine ici un pays magique à la beauté jalousement préservée à travers les siècles. Difficile de vous dire combien j’ai été éblouie par ces merveilles architecturales, par ce patrimoine médiéval au bord de l’eau qui vous fait aimer follement la France et ses légendes. L’Aveyron a définitivement conquis mon cœur, et je vais vous le faire aimer à votre tour.
Salles la Source.
Conques
L’addiction au voyage en Aveyron
Revenir en Aveyron, j’en rêvais depuis juin dernier. J’étais alors partie à la découverte des merveilles du Sud de l’Aveyron, et j’étais revenue en état de transe. Je commençais toutes les conversations par « tu connais l’Aveyron ? », il ne me fallait surtout pas me demander comment j’allais, sinon je dégainais direct la Dourbie et le Larzac, et j’expliquais à d’innocents inconnus que le grand chef d’œuvre du XXIe siècle, c’était le viaduc de Millau, et qu’un jour on y ferait un pèlerinage comme à Notre Dame ou à la Tour Eiffel. On aurait dit que j’avais épousé le chaos rocheux de Montpellier le Vieux ou le kayak sur le Tarn. Bref, j’étais incurablement dingue de l’Aveyron, et je n’avais qu’une obsession : y retourner pour voir cette fois le nord du département, les pays du Rouergue et de l’Aubrac. Mais pourquoi l’Aveyron avait su me fasciner à ce point ?
Dans les forêts aveyronnaises.
Liberté, égalité, Aveyron : un nectar de France
Imaginez que vous vouliez révéler l’âme de la France à un étranger en quelques jours, où l’emmèneriez-vous ? J’ai ma réponse : j’irais en Aveyron. Chaque image, chaque sensation, chaque conversation revêtait une étrange nature éminemment française, et je n’avais jamais eu la sensation d’un lieu qui incarnait tellement bien tout ce qui fait que le monde aime notre pays. Non pas parce que tout le monde se baladait avec des baguettes, des bérets et des coqs (les Aveyronnais sont des gens normaux, promis), mais parce que c’était un équilibre subtil entre l’authenticité et la modernité, la fierté d’être soi et l’ouverture vers l’autre. Au premier regard, on découvrait la beauté séculaire des villages anciens, intacts depuis le Moyen-Âge, on voyait les moutons et les vaches dans les champs, emblèmes d’une ruralité fière de ses traditions. Et pourtant, on ressentait aussi l’audace de la modernité, une très grande technicité dans l’agriculture et l’artisanat, une création architecturale à l’avant-garde du nouveau millénaire à Millau, et une culture en éveil, attentive au monde. Tous les restaurants servaient des produits locaux, produits dans un rayon de cent kilomètres. Chaque Aveyronnais était l’ambassadeur de son pays et en parlait avec une immense fierté. Chacun inventait des projets audacieux pour concilier l’héritage des siècles passés et l’exigence de renouveau. Fidèles à la vieille devise viscontienne (« il faut que tout change pour que rien ne change »), ils se battaient pour introduire les innovations nécessaires à la préservation de leur culture et leur mode de vie. L’Aveyron était beau et inspirant. Il fallait que je revienne. Et c’est par un bel automne coloré que j’ai repris les chemins des Cévennes, et rejoint la région qui va de Rodez à Laguiole, le nord aveyronnais.
Bozouls, une des perles du nord aveyronnais
Le château d’Estaing
Nord Aveyron, qui es-tu ?
Aux portes du Massif central
L’Aveyron est un carrefour culturel entre le midi, l’ouest et le Massif central. Si j’avais perçu très fort l’influence de Montpellier et du midi dans le sud Aveyron, j’ai cette fois ressenti que le centre de gravité tirait la région vers le nord, vers l’Auvergne. Les premières stations de ski me prouvaient que j’entrais dans le Massif central, le vieux cœur paisible de France. Les chênes cédaient le terrain aux sapins et aux mélèzes, la température descendait avec l’altitude. Les pierres avaient changé, les formes des maisons aussi. Ici l’ardoise recouvrait les toits et donnait aux villages sa brillance capricieuse, les clochers et les tourelles avaient ce noir de merle qu’aucun brouillard n’éteint jamais vraiment. Au sud de l’Aveyron les ovins, au nord les bovins : plus de moutons du Larzac ici, mais de magnifiques vaches de moyenne montagne au milieu de paysages âpres et solennels qui me rappelaient l’Ecosse. Tout au nord de l’Aveyron, j’étais déjà aux portes du Cantal, et je sentais combien je m’étais éloignée de mon midi natal.
Au coeur de l’Aubrac
Toit d’ardoise
Le pays des prêtres et des pèlerins
Mais le Nord Aveyron, c’est d’abord et surtout le pays de Compostelle. Un des quatre grands chemins français, la Via Podiensis (celle qui part du Puy-en-Velay), passe par Saint-Côme-d’Olt, Espalion, Estaing et la sublime Conques. Je ne le savais pas en arrivant, mais je l’ai découvert dès la première heure. Je suis arrivée à Conques, et un prêtre souriant m’a approchée en me demandant « Qu’est-ce qui vous amène ici, mon enfant ? ». Choc intense, catapultage des siècles, j’étais complètement désarçonnée : je croyais qu’on ne parlait comme ça que dans les films. J’ai commencé par lui dire « Bonjour Monsieur », je me suis miraculeusement souvenue qu’on ne disait pas Monsieur à un prêtre, j’ai repris « Bonjour mon père » et il m’a donné du « ma fille », j’étais dans un autre monde. Je n’avais jamais vécu une ambiance pareille. Partout, des pèlerins cheminaient, coquillage sur leur bâton ou leur sac à dos, venaient solliciter la bénédiction des prêtres ou se recueillir dans la sublime abbaye. J’étais revenue au cœur du Moyen-Âge doré, gorgé de foi et de miracles, et j’avais un sentiment d’irréalité totale. Personne ne m’avait dit que j’allais entrer dans un roman de Victor Hugo, et j’adorais cette sensation de bascule dans le mythe. Il faut aussi dire que c’était un grand changement par rapport au Larzac, « dernière réserve naturelle de gauchistes en France », ou vous avez plus de chances de croiser un zadiste qu’un curé – oui, on avait définitivement changé d’ambiance. Dans tous les villages, même ceux qui ne figuraient pas « officiellement » sur le tracé, je croisais des pèlerins, chaussures usées, regard profond, démarche assurée, cheminant vers le Sud-Ouest. Les saints étaient à l’écoute. Moi qui ne suis pas vraiment chrétienne, je me suis signée en entrant dans chaque église, tellement cette atmosphère de recueillement tranquille me touchait et m’émeuvait. (Et parce que le prêtre me regardait, aussi.) Mais je vous arrête tout de suite : le chemin de Saint Jacques, moi je veux bien le faire… en bagnole. Y a des limites à ma piété toute neuve, et aux ampoules sur mes orteils.
Sur le chemin de Compostelle
Prêtre devant le tympan de l’abbatiale de Conques
Le pays des perles sur rivière
Entre deux chaînes de montagne, l’Aubrac au nord et les Causses au sud, coulaient les vallées du Lot et du Dourdou, comme un répit verdoyant entre les mondes minéraux. Affluent de la Garonne, le Lot, à qui certains villages donnent encore le vieux nom occitan d’« Olt »(Saint Côme d’Olt…), semblait charrier les merveilles. Sur ces fleuves, je jouais à la marelle de village sublime en village sublime, le long de ces cours d’eau où les hommes amassent les richesses et édifient les cathédrales depuis la nuit des temps. Ce sont des circuits touristiques d’une beauté rare, une carte postale grandeur nature de la France éternelle. Mais d’autres rivières plus secrètes, comme le Créneau qui traverse Salles-la-Source, ou le Dourdou qui sculpte le canyon de Bozouls, m’enchantaient au plus haut point par leur caractère capricieux et mystérieux. Le Nord Aveyron, c’est le pays de l’eau qui se faufile, des sources miraculeuses, des méandres et des reflets, et il est facile de peupler ses puits d’ondines.
Espalion
Estaing
Saint Geniez d’Olt
Les plus beaux villages du Nord Aveyron
C’est par mes quatre grands coups de cœur que je commencerai cet article, mes éblouissements : Salles-la-Source, Conques, Bozouls et Estaing. Mais en vérité, les autres mériteraient tout autant mon élection. J’y ai simplement passé moins de temps, trop éparpillée par les multiples beautés du nord Aveyron, mais j’espère que mes photos vous convaincront de leur consacrer plus de temps. Nous passerons donc ensuite plus rapidement à Espalion, Saint Côme d’Olt, Sainte Eulalie d’Olt et Saint Geniez d’Olt.
Saint Côme d’Olt
Salles-la-Source, le pays des ondines
Il n’était pas prévu que je m’arrête à Salles-la-Source : mon programme devait me conduire directement à Conques, ce matin-là. J’avais traversé des vallées remplies de brume épaisse, dans une ambiance ourlée comme un capuchon de vieux moine. Soudain le soleil a traversé les nappes grises, et au détour d’un virage, j’ai vu un village apparaître, avec une cascade en son cœur. J’ai su immédiatement que je devais m’arrêter à Salles-la-Source : je n’avais jamais vu ça de ma vie. Le village était divisé en deux parties, en bas un bourg environné de forêts dont les tours carrées me faisaient terriblement penser à une illustration XVIIe d’un livre de Perrault, et en haut la source, bondissante, magnifique, comme un javelot au cœur du village. Au-dessus de la source, des habitations troglodytes et d’étranges terrasses venaient habiter la roche imbibée d’eau calcaire, ouvragée par l’érosion. C’était une vision d’une poésie parfaite.
J’ai lu que les habitants s’étaient battus pour sauver la cascade, menacée par l’exploitation hydroélectrique, arguant la beauté patrimoniale du site. En arrivant à Salles, je n’ai pu que leur donner raison : cette cascade au cœur du village est un spectacle magique, une vision rare.
Salles la Source
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En me promenant le bourg, je suis tombée sur un mélomane au sourire contagieux, qui écoutait Bach fenêtres ouvertes au milieu des vignes grimpantes. Kamel, c’est son nom, est un inventeur et un artiste, installé à Salles-la-Source depuis vingt-cinq ans. Il m’a dit à quel point il aimait ce territoire aveyronnais, le bouillonnement d’énergie créative, tous les projets innovants qui couvaient sous l’allure paisible du petit village. Il m’a permis de lui tirer le portrait, et j’adore cette photo souvenir.
Kamel Smaïn, à Salles la Source
Conques, l’éblouissement mystique
« Conques ». Le nom me faisait penser à celui d’un coquillage, concha en latin, et j’imaginais les pèlerins de Compostelle, avec leur Saint Jacques au cou, donnant leur nom au village qu’ils traversaient. En réalité, la confluence de deux rivières, le Dourdou et l’Ouche, formait ici une forme de coquille, d’où le nom donné au site par Louis le Pieux : Conques, coquillage en ancien français. Mais au fond, peu importe : il reste ce beau nom, Conques, un nom clair et désaltérant comme la torsade marine, un nom de trésor exhumé du fond des âges. Conques, Concas en occitan, promesse de perle au cœur de l’huître. Je sais que beaucoup de villages se targuent d’être « les plus beaux de France » et que notre pays regorge de joyaux, mais sincèrement, je connais peu de villages qui atteignent le niveau d’éblouissement que suscite Conques. (J’accepte comme concurrents Gordes, Cordes sur Ciel et le Mont Saint Michel, autant dire qu’on est dans du high level.) Conques, c’est sans aucun doute une des plus belles stations du Chemin de Compostelle, et elle a toute la collection de badges Pokémon pour le prouver : Patrimoine mondial de l’UNESCO, Grand Site de France, Plus beaux villages de France, tout ce qu’il faut pour vous convaincre que c’est un incontournable absolu.
La beauté du site est exceptionnelle. Lové entre la rivière et les collines, véritablement recroquevillé dans sa coquille de pierre, le village est projeté dans une verticalité gracieuse par les tours de la mythique abbaye Sainte Foy. Son tympan saisissant, figure du jugement dernier, de la damnation des mauvais et de l’élection des justes, est un chef-d’œuvre de l’architecture romane. C’est ici que sont conservées les reliques de la jeune martyre d’Agen, Sainte Foy, faisant de la belle abbaye un des plus grands centres de pèlerinage du Moyen-Âge. Au XIe siècle, la puissance de l’abbaye et de ses reliques s’étendait jsuqu’au fin fond des déserts espagnols et des tourbières germaniques.
Conques
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Détail du tympan
Sublimes vitraux par Pierre Soulages
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Le trésor de l’abbatiale est considéré comme la plus belle collection d’orfèvrerie médiévale de France, avec des pièces d’une valeur inestimable, forgées du IXe au XIVe siècle, époque d’apogée de Conques – la pièce majeure est bien évidemment le reliquaire en majesté de Sainte Foy, en bois d’if recouvert d’or, avec son étrange regard bleu perçant. Conques, c’est le Moyen-Âge dans ce qu’il a de plus éblouissant, l’architecture, la sculpture et l’orfèvrerie en majesté, jalousement préservées depuis des siècles dans ce lieu hors du monde. Prosper Mérimée aurait pleuré d’émotion en découvrant le trésor en 1837, disant qu’il n’était « nullement préparé à trouver tant de richesse dans un pareil désert » (désert, faut pas exagérer, sois poli Prosper steuplé). Moi, je me suis demandé si sa Vénus d’Ille n’avait pas emprunté à Sainte Foy son regard marmoréen et meurtrier – les yeux de la statue m’ont hantée. J’ai lu ensuite que le visage de la statue avait probablement été volé à la dépouille mortuaire d’un empereur romain : il s’agirait d’un masque funéraire…
La pièce dite “le A de Charlemagne”
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Le visage de la sainte
En arrivant à Conques, j’ai vu l’Auberge Saint Jacques en face de l’abbaye, son pèlerin en bois sculpté à l’entrée et sa terrasse avec vue imprenable sur l’église, et je me suis dit « j’aimerais bien manger là ». Bonne surprise de blogueuse, ça tombait très bien car mon programme m’y envoyait, et je n’ai pas été déçue. La terrasse ensoleillée était idyllique, et le repas aussi typique, local et bon que je l’espérais. Sachez que c’est aussi un joli hôtel aux tarifs abordables.
L’auberge sur la gauche.
Mais t’as pas vu Bozouls ?! Le canyon de Bozouls, bientôt incontournable
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Bozouls, jamais entendu parler j’imagine, sauf si vous êtes Aveyronnais (veinard) ? Vous avez tort. Bozouls, c’est the next thing to be, une merveille touristique en pleine ascension. Un jour dans les cours de récré, les gamins crâneront en disant qu’ils ont vu le canyon de Bozouls pendant l’été, et ils se moqueront de leurs petits camarades, en leur disant « toi tes parents t’ont même pas emmené à Bozouls, t’es vraiment un gros boloss » (ou l’insulte équivalente dans le langage du futur. A mon époque on disait loser). Mais alors, qu’est-ce qu’il y a à Bozouls ? Dit comme ça, je ne vais pas vous faire rêver : un trou. Oui, en Aveyron, on parle du « trou de Bozouls ». Mais moi je vous dis, amis Aveyronnais, faut vraiment revoir votre nomenclature touristique, parce que ce n’est pas un trou, et on devrait bien plutôt parler de canyon de Bozouls. Vous voyez Horseshoe Bend en Arizona ? Bozouls, c’est pareil : un fabuleux méandre en fer à cheval creusé par le Dourdou dans la roche du Causse Comtal, dessinant une magnifique gorge en forme d’omega. J’ai vraiment regretté de ne pas avoir sous la main mon drone pour prendre une photo aérienne du canyon – si vous êtes droniste, ne loupez pas ça, c’est une vision hallucinante, et je rêve de le faire en montgolfière.
J’ai été obligée de piquer cette vue aérienne à la mairie de Bozouls pour vous montrer.
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Un petit panorama à peine biscornu.
Bon, une gorge en fer à cheval, c’est tout ? NON. Le caractère exceptionnel et hallucinant de Bozouls va au-delà de la géologie brute : imaginez maintenant qu’on ait construit un village sur les bords de Horseshoe Bend, et une église au milieu. Bozouls, c’est l’alliance sidérante de la merveille naturelle et de la prouesse architecturale. Le village est au bord du canyon, surplombant le vide, comme un conte de fées suspendu aux caprices de la gravité, mais aussi au cœur du canyon, sur un îlot de part et d’autre de la rivière. C’est une des choses les plus étonnantes que j’ai vues, un site exceptionnel qui ne ressemble à aucun autre et qui m’a complètement fascinée.
Maisons au dessus de la gorge
Alors, que faire à Bozouls ?
Beaucoup de choses, et vous pouvez sans problème passer une journée et une nuit à Bozouls sans vous ennuyer.
- Vous garer dans le cœur de ville, et avancer sur l’esplanade qui a été construite avec vue sur le canyon à côté de la mairie et des commerces. La municipalité de Bozouls a fait de fabuleux efforts de mise en valeur touristique, et la ville est prête à accueillir ses visiteurs dans les règles de l’art. L’esplanade offre une vue fabuleuse sur le canyon, et se prolonge sur une très jolie rue circulaire aux maisons coquettes, qui invite à vous balader en surplomb du trou.
- Randonner dans le canyon. C’est un poumon vert, un environnement préservé qui invite à la découverte en famille. La rivière est redevenue si propre que les truites et les loutres sont revenues (je n’ai pas vu de loutres, hélas !), et le calme bucolique du lieu est assuré par l’entretien écologique du site : chèvres, ânes et lamas assurent le débroussaillage des parois. Du coup, vos gamins auront un tour à la ferme en prime.
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Au dessus du Dourdou
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- Visiter l’église Sainte Fauste, au cœur du canyon. Cette église est un chemin alternatif de Compostelle, pleine d’histoire, de secrets et… de chauve-souris : dans ce village décidemment ami des animaux, on a décidé d’offrir le clocher en refuge aux créatures ailées, ce qui me réjouit au plus haut point. L’église est fascinante avec ses chapelles latérales au-dessus du vide, ses arcs qui semblent s’appuyer sur l’air lui-même. Et à ses pieds, vous trouverez un ravissant jardin où pique-niquer sur l’herbe.
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- Visiter le musée géologique Terra Memoria. Dans un endroit aussi spectaculaire et unique que Bozouls, il était normal que la tectonique des plaques, l’histoire du magma et des couches terrestres, soit à l’honneur. Et en bonus de cette passionnant virée géologique, vous aurez une plate-forme avec vue imprenable sur le canyon.
- Un vol en montgolfière au-dessus du canyon. Bon, contrairement à toutes les activités précédentes, ça n’est pas donné : 220 euros par adulte, 150 par enfant avec la société Les Montgolfières à Bozouls. Mais ça m’a l’air de valoir tellement le coup de s’envoler en montgolfière au-dessus du méandre dans le soleil levant… (C’est pareil qu’à Bagan en Birmanie, sauf qu’à Bozouls on ne massacre pas de minorité persécutée et on ne soutient pas un régime sanguinaire. Aveyron, tu gagnes ce match haut la main.) J’imagine la vue sublime sur toute la gorge du Dourdou et le village féerique, et je rêve de faire ça.
Un resto fabuleux sur le canyon de Bozouls : le Belvédère
C’est mon plus beau souvenir gastronomique en Aveyron à ce jour. L’Aveyron est vraiment une terre de saveurs et de cuisine authentique : je vous l’ai dit, je n’ai pas mangé dans un seul restaurant qui ne soit pas engagé dans une démarche locale militante, et qui ne tienne pas à proposer des produits du terroir. C’est quelque chose qui m’a vraiment marquée là-bas : ce pays affirme fièrement sa différence, son identité culinaire. En Aveyron, on ne mange pas comme partout ailleurs, on célèbre un terroir, des traditions, une culture paysanne exigeante. De grands chefs comme Michel Bras à Laguiole ont éduqué toute une génération de chefs à cette cuisine qui allie à la simplicité de l’approvisionnement local un très grand raffinement : on cuisine avec délicatesse et attention, pour révéler chacune des saveurs de produits exceptionnels. Le chef du Belvédère, Guillaume Viala, est un ancien élève de Michel Bras, et il marche dans les pas du maître en ayant déjà obtenu sa première étoile au Michelin. J’ai été complètement conquise par ce repas, qui a su conjuguer raffinement et originalité avec le respect du produit, dans le refus de toute prétention inutile, de toute course vaine au spectaculaire. (Je déteste la cuisine où on ne comprend ni ne reconnaît ce qu’on a dans l’assiette – quand on a des produits d’immense qualité, il faut les mettre en valeur sans les défigurer.)
Dès l’arrivée dans cette grande salle claire et chaleureuse avec vue majestueuse sur le canyon, on se sent bien. Christine Viala a aménagé le restaurant avec beaucoup de goût et de convivialité, et parle avec passion de sa carte des vins originale et passionnée. Le repas est exquis et régale sans alourdir, et on se sent entre de bonnes mains de bout en bout. C’est vraiment une belle expérience gastronomique, à la rencontre d’un terroir qui vaut le détour.
Le Belvédère est aussi un hôtel ; je ne l’ai pas testé, mais je serais prête à parier que c’est merveilleusement romantique et beau aussi, étant donné la beauté de la décoration du restaurant et la qualité des prestations. Les chambres ont vue sur le canyon. J’adorerais y revenir un jour.
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Une autre belle table à Bozouls : La Route d’Argent
C’est simple : Bozouls est une superbe destination gastronomique. Mon deuxième repas à Bozouls a été à La Route d’Argent, l’autre restaurant par lequel les voyageurs adorent faire un crochet en Aveyron. C’est un restaurant de qualité qui a su se faire une solide réputation au fil des ans – tout le monde m’en a dit du bien – et garder le cap qu’il s’était fixé : les produits régionaux, le respect des saisons, les spécialités aveyronnaises cuisinées avec subtilité. J’y ai mangé le meilleur aligot de mon séjour. Les tarifs sont très abordables, à partir de 20 euros pour le menu : c’est une excellente adresse pour se faire plaisir et découvrir la cuisine aveyronnaise sans grever son budget. Le rapport qualité-prix est impressionnant, car c’est de la vraie cuisine maison préparée avec de bons produits et beaucoup de soin.
C’est aussi un hôtel propre et confortable, à partir de 52 euros la nuit. Un bon plan à retenir pour intégrer Bozouls aux vacances en famille.
Maintenant, vous savez tout sur Bozouls, en solo, en couple ou en famille, pour tous les budgets, alors plus d’excuse : il faut voir Bozouls avant que le monde entier se l’arrache ! que faireà bozouls où manger à bozouls blog bozouls
Estaing, son château et son pont magiques
J’entre ici dans la collection des merveilleux villages aveyronnais sur le Lot. Si je les ai tous adorés, Estaing a été mon coup de cœur. J’aime les ambiances à la Belle et la Bête, les endroits où tu ne serais pas étonné de voir les citrouilles se faire carrosse et les petites cuillers danser le french cancan, et Estaing mériterait de figurer dans un Disney. Dès l’arrivée, je suis éblouie par ce beau pont gothique du XVe siècle, avec ses arches qui enjambent le fleuve, et son Saint qui veille sur les pèlerins. Nous sommes de retour sur les chemins de Compostelle, et la croix se reflète dans les eaux. L’église d’Estaing, Saint Fleuret, m’a enchantée avec son climat de ferveur chaleureuse. Le château, emblème de la ville, la plonge dans une atmosphère de conte de fées avec ses hautes tours coiffées d’ardoise. Il héberge aujourd’hui un musée sur l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing – j’avoue ne pas avoir pris le temps de le visiter, trop impatiente de continuer mon périple avant que le soleil se couche.
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Espalion, façades superbes sur le Lot
Contrairement à Conques et Estaing, qui sont de petits villages bijoux dont la perfection touristique n’est entachée par rien, Espalion est une vraie ville, plus active et plus étendue. Bien sûr, la carte postale est du coup moins impeccable (je n’ai pas retrouvé à Espalion la sensation d’entrer dans un conte de fées, que j’avais ressentie à Conques et Estaing), mais en même temps, il faut aussi que les gens vivent, travaillent, fassent bouger le territoire, et Espalion a la caractéristique intéressante d’allier un vrai dynamisme à un cœur de ville sublime et riche en monuments. Le lieu incontournable où faire une promenade au soleil couchant, ce sont les deux ponts sur le Lot, dont le merveilleux Pont-Vieux médiéval en pierre rose, inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Les façades d’anciennes tanneries se reflètent dans la rivière, avec leurs colombages et encorbellements, et c’est un régal visuel – j’ai adoré ce vieux cœur de ville autour du Lot.
J’ai un grand regret à Espalion : être arrivée trop tard pour visiter le Musée du Scaphandre, qui est situé dans une sublime église avec beffroi, Saint Jean Baptiste, et nourrit tout mon imaginaire steampunk avec son évocation rétro et futuriste des aventuriers des profondeurs. Les scaphandriers m’ont toujours fascinée et terrifiée à la fois, et je découvre qu’ils ont été inventés à Espalin en 1860. Dans le même bâtiment se trouve le musée Joseph Vaylet, grand défenseur de la culture occitane, Majoral du mythique Félibrige. Si vous y êtes allé, racontez-moi ?
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Le pont médiéval
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Saint Côme d’Olt et son clocher tors
Je voulais passer à Saint Côme d’Olt (=Lot, vous avez compris, l’occitan pratique l’anagramme) pour une curiosité architecturale qui m’intriguait : le clocher tors. Il s’agit d’une performance technique audacieuse, où le clocher est bâti selon un plan hélicoïdal qui donne l’impression qu’il tournoie, qu’il est tordu. J’adore l’autre terme officiel pour le décrire : « clocher flammé ». L’effet est fabuleux – on imagine bien la flamme s’emparant de l’église, dans un miroitement d’ardoise. Mais j’ai découvert que Saint Côme d’Olt avait bien plus à offrir : c’est là encore un « village bijou », merveilleusement conservé dans son apparence médiévale, avec cœur de ville étroits, remparts et tours majestueuses, inscrit aux Plus beaux villages de France. Certains pans du tissu urbain sont vieux de six siècles. La vue sur le village depuis sur le pont au-dessus du Lot est superbe, et j’ai été éblouie non seulement par le clocher, mais par les portes Renaissance de l’église, une œuvre d’art superbe. Vous l’aurez deviné, nous sommes là encore sur la mythique Via Podiensis. Aveyron, tu as tellement de beaux villages qu’on ne parvient plus à leur rendre justice : Saint Côme d’Olt aurait mérité que je m’y attarde.
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Sainte Eulalie d’Olt, village de poupée
Sainte Eulalie d’Olt est ma jolie surprise, l’endroit où je n’avais pas prévu de m’arrêter, mais à qui je n’ai pas su résister. Depuis la route, Sainte Eulalie ressemblait à un village de poupées, avec ses tourelles au milieu d’une prairie verdoyante. Et hop, encore un village inscrit aux Plus beaux villages de France, encore une merveille… et à ce stade mon chauvinisme provençal a commencé à trembler. J’avais toujours cru que les Plus beaux villages de France étaient concentrés en PACA, que ma Provence était sur la plus haute marche du podium. Mais je n’avais jamais vérifié…
Et je n’aurais pas dû, mes amis, car maintenant la vérité s’est révélée à moi et je ne peux plus ignorer la douloureuse réalité. 44 en Occitanie. Quarante-quatre Plus beaux villages de France en Occitanie. C’est même plus la médaille d’or, là, c’est la pulvérisation méthodique des adversaires. Aucune autre région française ne peut rivaliser, l’Occitanie a pété les dents de tout le monde. Aveyron, Tarn, Lozère, Tarn et Garonne, Hérault, Gers… ils écrasent tout. La Provençale que je suis est humiliée.
Il faut que vous sachiez que depuis le Roi René, les Provençaux ont un petit complexe de supériorité sur leurs voisins de l’Ouest, et considèrent qu’ils sont la place forte du midi authentique. Mais je dois bien reconnaître que je suis ébranlée dans mon chauvinisme. Tant de beauté, de richesse, d’histoire… j’ai rarement (= jamais) eu le sentiment d’une telle perfection villageoise que durant ce séjour dans le nord Aveyron. Je crois que tu vas me revoir, Occitanie. Il faut que je vérifie si ta suprématie est méritée, je n’ai pas le choix. Vous avez vu comme l’Aveyron ébranle mes certitudes existentielles les plus profondes.
Bon, et Sainte Eulalie d’Olt, alors ? Ben c’est magnifique, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise. C’est fabuleusement pittoresque et fleuri, la rivière coule sous les vieux murs et tout est beau comme dans un décor de film. Je ronchonne, mais j’admets.
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Saint-Geniez-d’Olt, une dernière étape sur le Lot
Il n’a pas son inscription au « Plus beaux villages de France » (ouf, je suis soulagée, faut arrêter à un moment l’Aveyron !), mais j’avoue que c’est ravissant quand même, notamment les places très 3e République sous les platanes, et les maisons sur le Lot. J’ai su après que j’aurais dû aller visiter le beau couvent des Augustins et son cloître gothique. C’est au bord du fleuve que je me suis arrêtée pour un dernier pique-nique aveyronnais avant de rentrer sur Aix. Je suis allée me poser sur un banc au soleil, près des arches du pont, et j’admirais la beauté des maisons posées sur le fleuve. C’était beau, apaisant. C’était l’Aveyron : un petit morceau de France parfaite. Et je n’avais plus envie de partir.
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Dans le prochain épisode, je vous emmènerai dans les monts de l’Aubrac, au milieu des vaches et des sapins, à la recherche du cerf dans les bois, à la rencontre des couteaux et des fromages de Laguiole, et à la découverte du sublime village d’Aubrac. Inscrivez-vous à la newsletter pour ne pas manquer la fin du périple nord-aveyronnais ?
Merci infiniment au CDT de l’Aveyron, et notamment à Jackie Bru, de m’avoir permis de revenir dans votre pays magique avec un programme de toute beauté qui correspondait à toutes mes envies et me laissait beaucoup de liberté. Un immense merci à Jean-Luc Calmelly, maire de Bozouls, d’avoir pris le temps de me faire découvrir sa commune magnifique – son engagement sincère et passionné m’a beaucoup touchée. J’ai tellement hâte de revenir en Aveyron en avril pour le Salon des blogueurs de voyage WAT18 à Millau. J’ai été émerveillée, et l’Aveyron est profondément entré dans mon cœur.
Epinglez moi ?