Itinera Magica

Tan-Tan ou le grand Sud du Maroc

Nous sommes à 350km au sud d’Agadir, aux portes du Sahara. Le paysage tout entier s’achemine vers le désert, les premières dunes de sable émergent au milieu du reg caillouteux. Ici, c’est Tan-Tan, dans le grand Sud marocain. Chaque année en mai, les peuples du désert viennent se retrouver ici, avec leurs caravanes de chameaux, leurs danses traditionnelles et leur artisanat, pour célébrer le Moussem de Tan-Tan, grande fête de la culture sahraouie, inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Entre l’Atlantique et les immensités sablonneuses, le monde des « hommes bleus » déploie ses mille couleurs.

Le fabuleux moussem de Tan-Tan, patrimoine de l’humanité.

Je suis partie au Moussem de Tan-Tan pour un reportage pour le magazine La Revue, dans lequel j’évoque la signification culturelle et géostratégique très puissante du Moussem de Tan-Tan, à l’heure où le Maroc met cap au Sud et s’ancre résolument au Sahara. Cet article sera bien entendu réservé à La Revue. Mais son rédacteur en chef m’a gentiment donné la permission de partager mes photos ici, sur Itinera Magica – merci à lui ! Voici donc non pas un article, mais une collection d’impressions, de souvenirs de ces moments hors du temps, entre désert et océan.

Au cap Draâ, où le fleuve des oasis vient se jeter dans l’océan

 

Couleurs du Maroc pluriel.

La lagune de Chbika

Tan-Tan. Le nom me faisait rêver. Voici la porte du Sahara, la ville qui ouvre aux provinces du grand Sud. Autour des puits et des ksour, quelques villes ont grandi au milieu des regs à perte de vue, et partout ailleurs c’est l’immense et le vide, des troupeaux de chèvres et de cailloux au milieu des étendues rases.

Capturée en passant depuis le bus des journalistes, une vision typique du pastoralisme du Sud : un berger et son âne

 

Premières dunes sahariennes le long de la côte

Pour accueillir les délégations d’invités venus des quatre coins du monde, un camp de tentes bédouines a été monté dans la lagune de Chbika.

Le camp de Chbika, au-dessus de l’oued.

Imaginez ma surprise lorsque je suis arrivée ici, de nuit, au milieu de nulle part, et que j’ai vu se dresser dans la tempête ce camp de tentes cramoisies dressées sur les dunes, au-dessus de l’Atlantique.

Arrivée de nuit à Chbika

L’oued Chbika rejoint ici l’océan. De grands oiseaux peuplent les sables et les matins brumeux.

L’oued au matin

 

Oiseaux de Chbika

L’intérieur des tentes est luxueux, mais la nuit, tout bouge, le vent s’engouffre sous les tentures, secoue les tissus comme il gonflerait les voiles d’un navire, et on croirait voguer sur une mer des sables, sans savoir si ce sont les vagues ou les bourrasques qui hurlent si fort.

La tempête s’immisce et secoue les tentures

 

Avec des pierres et des morceaux de fer, je bloque l’entrée.

Ce sont des nuits et des aurores de bout du monde, magiques.

Matin à Chbika.

Tan-Tan et El Ouatia Beach

Trait d’union entre le Nord du Maroc et le grand Sud, Tan-Tan est une ville neuve, qui a cherché à préserver son identité saharienne. Dans les rues de la ville défile la parade des régions du Maroc et de leurs peuples, sahraouis à dos de chameaux, processions nuptiales où la mariée trône, comme une princesse, sur un palanquin, groupes d’enfants et chants de fête.

Parade dans les rues de Tan-Tan, mariée bédouine sur son chameau.

 

Chameaux dans les rues de Tan-Tan

La station balnéaire de Tan-Tan, c’est El Ouatia Beach, une belle plage qui m’évoque le sud du Portugal : j’y reconnais ces côtes projetées dans l’océan Atlantique, plus âpres et plus froides que dans les régions où un golfe vient adoucir les eaux et protéger les rivages – l’océan est profond et les vagues sont traîtres. Tan-Tan est une ville de pêcheurs et de marins, tournée vers ces horizons périlleux.

El Ouatia Beach, station balnéaire de Tan-Tan

 

Tan-Tan, port de pêche

Le moussem de Tan-Tan, réunion des peuples du Sahara

Depuis des siècles, les peuples nomades du désert et du sud de l’Atlas se retrouvent ici au mois de mai, pour le commerce et le plaisir des célébrations. C’est un tourbillon de danses, de chants et de chevauchées, sur le dos des immenses chameaux ou des chevaux de fantasia. Berbères vêtus de blancs, Sahraouis vêtus de bleus, tous font vivre l’héritage culturel du sud du Maroc dans cette fête hors du commun.

Femmes sahraouies à la cérémonie d’ouverture du Mossem de Tan-Tan

 

Sahraoui sur son chameau

 

Danses berbères.

Chant des femmes

Fantasia.

Cérémonie d’ouverture, avec la délégation émirienne

 

Traversée de chameaux

 

Moukkhalas, fusils d’apparat traditionnels, levés face au ciel

 

Fête à Tan-Tan.

 

Délégation émirienne et portrait du roi du Maroc, Mohammed VI.

Chevaux de fantasia

Drapeaux marocains dans le ciel nuageux.

Aujourd’hui, la plupart de ces peuples sont sédentarisés, mais le moussem fait revivre la tradition nomade – des tentes de toiles brune abritent les familles durant la semaine de la fête, renouant avec l’époque des grandes migrations.

Les tentes des familles sahraouies.

Marchand ambulant.

A quelques kilomètres du site du Moussem a lieu une course de chameaux, sur un camélodrome fraîchement inauguré. Nous sommes si loin de Casablanca – Tan-Tan, c’est déjà un autre monde.

Au camélodrome de Tan-Tan

Le Cap Draâ

Le Draâ, c’est ce fleuve mythique qui alimente toute la ceinture des oasis, au coeur des montagnes de l’Atlas, de Rachidia à Ouarzazate. Chargé des rêves des vallées, il vient finir sa course ici, au cap qui porte son nom, et se fond dans l’Atlantique. Ce sont des paysages vertigineux, un hymne à la beauté du grand Sud marocain.

Eclaircie au cap Draâ.

 

Dunes et embruns

 

L’embouchure du Draâ

 

Au Cap Draâ, songeant aux voyages à venir

Je quitte le Maroc heureuse de savoir que j’y reviendrai avant la fin de l’année 2016. Plus au nord, cette fois, à la découverte des villes magiques, Essaouira et ses remparts, Marrakech et ses jardins, Ouarzazate et son chapelet d’oasis au cœur des montagnes. Ce sera un voyage sentimental, car le Maroc est le pays où mon père a grandi, et je partirai avec lui sur les traces de son enfance… Mais ceci est une autre histoire… à suivre !

Si vous voulez continuer la promenade dans le désert, ne manquez pas mon article sur l’oasis d’Al Ain ! 

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