Itinera Magica

Fabuleuse Nuuk, capitale colorée du Groenland

Découvrez Nuuk, capitale du Groenland. Que voir et que faire à Nuuk ? Musées, excursions dans le fjord, découverte de la montagne... Nuuk groenland blog.

.

Nuuk, la capitale du Groenland, est une ville colorée qui compte 17 000 habitants au bord du deuxième plus grand fjord du monde. Elle est belle, dynamique, passionnante. Et je serais prête à parier que vous n’en aviez jamais entendu parler. Confession : moi non plus, avant de m’y rendre fin mars 2018, lors de mon premier voyage au Groenland. Je suis tombée amoureuse de cette capitale arctique multicolore en plein boom, véritable étendard de la culture des Inuits et symbole d’un Groenland en pleine métamorphose. Je veux vous parler d’elle, vous raconter ce qu’on trouve à voir et à faire à Nuuk, et vous convaincre qu’elle mérite d’être mieux connue. Nuuk a été mon plus grand coup de cœur lors de cet itinéraire groenlandais, voici pourquoi.

Cet article est long, car j’ai découvert un pays et une culture qui ne ressemblent à rien que je connaisse auparavant et je voulais vous raconter en détail cette découverte qui m’a profondément touchée. Mais si vous cherchez à planifier votre voyage à Nuuk et cherchez la version brève, allez directement en fin d’article pour un résumé de ce qu’il faut voir et faire à Nuuk.

Nuuk, merveilleuse capitale colorée, sur fond de montagne iconique : Sermitsiaq.

 

.

De Reykjavik à Nuuk, premier contact avec le Groenland nuuk groenland

Après quatre jours merveilleux à l’Ouest de l’Islande, je pars pour l’inconnu : le Groenland. Malgré sa rudesse, l’Islande m’est familière . Pays des vikings et des sagas, condensé de culture scandinave et de paysages nordiques, elle incarne l’aventure balisée, le dépaysement facile. Je me sens presque chez moi en Islande, au milieu des chevaux et des yaourts aux myrtilles. Mais le Groenland, c’est l’ultime frontière. Là-bas, on parle une langue inuite, qui ne ressemble à rien que je connaisse. Là-bas, sur la plus grande île du monde, presque entièrement couverte de neige et de glace, les villages sont comme des îlots isolés les uns des autres sur une mer de blanc. Il n’y a pas de routes, pas de trains entre les villes, juste des avions, des motoneiges et des chiens de traîneau. Là-bas, je vais perdre 15 degrés au moins, et découvrir un autre monde. J’en ai rêvé depuis si longtemps.
L’aéroport régional de Reykjavik est un vestige d’un autre temps. Un seul tapis à bagages, une même salle pour les départs et les arrivées, un café et des destinations qui semblent rendre hommage à l’ancien royaume viking : ici, on prend des vols pour ailleurs en Islande, pour les Féroé, le nord de l’Ecosse, et pour le Groenland.
La tempête fait rage dehors, un vent incroyable fait trembler les murs de la minuscule salle d’embarquement, et j’ai peur que le vol soit annulé. Décollage annoncé à 19h45, et nous n’avons toujours pas embarqué à 19h30. Je m’inquiète un peu. A 19h35, la porte s’ouvre, et nous prenons place dans un minuscule coucou à hélices de douze places. A 19h45, nous décollons, en tanguant dans tous les sens au milieu des bourrasques. L’avion fait quelques bonds après le décollage, puis nous passons au-dessus de la tempête, et le calme se fait. Tout va bien.
Après environ une heure au-dessus de l’océan, la côte Est du Groenland apparaît. C’est terrifiant de blancheur. Blanc, blanc, blanc, et rien d’autre, pendant des centaines de kilomètres. Enfin nous bifurquons vers l’ouest et survolons l’île. Je n’ai jamais vu autant de vide et de solitude. Il n’y a rien, rien, que de la neige et des reliefs noyés sous la blancheur, pas de villes, de routes, juste un manteau de blanc sous lequel on devine des collines submergées. Ce n’est qu’à l’arrivée sur Nuuk que le relief prend de l’envergure, que des chaînes de montagnes qui m’évoquent le nord de la Norvège émergent au-dessus des fjords gelés, qu’un peu de noir entache toute cette blancheur. Mais toujours pas de villes, de routes, d’humains. Nuuk n’apparaît qu’à la dernière seconde, et jusqu’au bout je me demande s’il y aura vraiment quelque chose au milieu de ce néant sublime. Population 17 000 habitants, bienvenue dans la capitale du Groenland.

Nuuk est située au coeur d’un fjord immense, aux rebords escarpés.

 

Au coeur du fjord.

Nuuk la multicolore : une ville de toute beauté, entre monuments, musées et restos

Après tant de démesure, Nuuk me semble au premier abord presque trop normale. On pourrait être n’importe où en Scandinavie : c’est une petite ville à la fois jolie et banale, avec des maisons rouges et bleues au bord d’un fjord. Cela ressemble à la Norvège, au Danemark. Au matin le jour rose se lève sur les montagnes enneigées, et c’est une vision classique, apaisante. Nuuk est un isolat de normalité au milieu du royaume de glace. Il y a des bureaux, des magasins, des restos. Les voitures roulent dans la ville – pas en dehors. Aucune route ne sort, on ne va nulle part ailleurs qu’à Nuuk. C’est un village de Polly Pocket en bordure de la monstrueuse immensité glacée.

Nuuk est fascinante. Je sais que certains voyageurs mal informés sont déçus, car on ne voit pas d’icebergs ici, ou plutôt, on en voit à la fin de l’été, quand la fonte estivale détache quelques morceaux d’inlandsis qui dérivent dans le fjord. Les icebergs toute l’année, c’est à Ilulissat. Mais il faut voir Nuuk, pour la beauté de cette ville de style scandinave au bord du deuxième plus grand fjord du monde, et surtout, pour la richesse, la vitalité de la culture groenlandaise, exprimée ici à travers les musées, les institutions culturelles, et la frénésie de construction qui s’empare de la capitale du Groenland. Nuuk a été mon plus grand coup de cœur dans ce pays.

Le slogan de la ville, c’est « Colourful Nuuk ». La ville se caractérise par les couleurs arc-en-ciel de ses maisons. Elles sont rouges, jaunes ou bleues dans le quartier historique, où un dress code est en vigueur, et violettes, roses, pistaches ou n’importe quoi d’autre dans les nouveaux quartiers, où les habitants s’en donnent à cœur joie. Se promener dans Nuuk sous le soleil est complètement psychédélique. Je suis surprise de constater qu’en Arctique, on sèche son linge dehors en hiver, ce que je n’ose même pas faire en Provence – il paraît que l’air est plus sec, sans humidité. Je vois aussi une peau d’ours polaire (avec la tête et les pattes) sécher sur une rambarde. Bienvenue au Groenland.

Au coeur du quartier historique.

Sur les hauteurs de la ville, des quartiers chic avec vue sur le fjord.

Plaisirs colorés.

.

Cordes à linge dans l’Arctique.

Faire sécher sa peau d’ours.

Nuuk est belle, vraiment belle. Nous sommes situés 24km à l’intérieur d’un fjord immense (le 2e plus grand du monde), les maisons sont multicolores, et je n’imaginais pas le Groenland si pittoresque, si mignon. Une montagne majestueuse, iconique, surplombe la ville : Sermitsiaq. On la voit de presque partout dans les rues, comme le Matterhorn à Zermatt, et je me demande si un jour, sa forme parfaite et spectaculaire sera aussi célèbre que le pic du Toblerone.

Sermitsiaq.

.

C’est drôle, les images qu’on a en tête avant un voyage. Avant de partir pour la Laponie finlandaise, j’imaginais Rovaniemi toute bucolique et romantique, et j’ai découvert une espèce de banlieue soviétique. Inversement, j’imaginais Nuuk comme un avant-poste militaire dans l’Arctique, avec mercenaires, vodka et graisse de phoque, et je tombe sur une copie idyllique des îles Lofoten. C’est un bonheur de se promener ici, par une journée de soleil et sans vent, où le froid est tout à fait supportable.

Je rejoins le quartier historique, dit Colonial Harbor, où la ville a été fondée en 1728 par le missionnaire dano-norvégien Hans Egede. Sa statue trône sur une colline, à côté de la minuscule cathédrale de Nuuk portant son nom, où des bateaux sont suspendus dans la nef de bois peint. Les maisons au bord de l’eau sont de toute beauté. Une longue promenade pittoresque juxtapose le Musée National Groenlandais, la maison du tissage traditionnel et le musée local de Nuuk. Une mère et sa fille font de la luge sur la colline en riant.

Hans Egede sur sa colline.

La minuscule cathédrale Hans Egede.

Le missionnaire a fondé Nuuk en 1728. Il était parti à la recherche des Vikings disparus sur la côte Ouest du Groenland depuis plusieurs siècles. Il n’a jamais retrouvé les Vikings, mais il est resté chez les Inuits.

 

Une autre église qui m’a touchée : celle de la mission de Herrnhut, arrivée une dizaine d’années après Hans Egede. Ces missionnaires allemands ont aussi beaucoup contribué à la culture de Nuuk.

 

L’hiver, les corbeaux sont omniprésents à Nuuk.

La pêche est fondamentale à la culture groenlandaise, notamment aujourd’hui, où les eaux poisonneuses de l’océan glacial arctique permettent au pays d’être un grand exportateur de produits maritimes. Dans le port colonial de Nuuk, on trouve une très belle statue représentant une déesse commune à tous les peuples inuits : « the Mother of the Sea ». Cette femme vit au fond de l’océan, et la statue l’entoure de poissons, de phoques, et d’autres créatures marines. Elle est celle qui envoie des poissons aux hommes afin d’assurer leur subsistance. Mais si les hommes la contrarient, les poissons restent au fond des eaux, et s’emmêlent dans sa chevelure, qui devient sale, entortillée. Il faut que le chamane descende au fond de l’eau afin d’amadouer la déesse et de peigner longuement sa chevelure immense, afin de libérer les poissons et de remplir les filets des pêcheurs.

The Mother of the Sea.

La même version street art.

Quelques rues plus loin, c’est le Centre culturel groenlandais, une grande vague de bois clair qui abrite une salle de concert, un restaurant, et différentes expositions. Il abrite un restaurant traditionnel rapide et délicieux, où on vous propose des « tapas groenlandais » pour découvrir en quelques plats la cuisine du Groenland.

Centre culturel groenlandais.

 Encore quelques rues plus haut, c’est le musée de peinture de Nuuk, présentant l’art du Groenland des temps de la colonisation danoise à aujourd’hui. Et partout, on trouve des boutiques d’artisanat inuit, des bars et des petits restaurants reflétant la diversité cosmopolite de la petite ville dynamique. Dans cette ville pleine d’immigrants, tous les restos proposent de la « fusion » : fusion sino-groenlandaise, fusion philippino-groenlandaise, fusion australo-groenlandaise… je me demande un peu à quoi ça ressemble. Niveau supermarchés, Nuuk est une ville normale : en dehors du poisson et de certaines viandes, tout est importé, et je retrouve des raisins d’Amérique du sud, des clémentines d’Espagne, du camembert Président français, et tout un tas de produits absolument classiques. C’est ailleurs au Groenland, à Ilulissat, que je découvrirai la pénurie en produits frais, la rareté de l’approvisionnement (je vous raconterai, évidemment). Mais pas à Nuuk, parce que le port ne gèle pas en hiver : l’approvisionnement est toujours maintenu. Les rayons sont bien achalandés, l’impression de normalité est totale.

Au centre commercial, Nuuk Center, les boutiques typiquement groenlandaises se mêlent aux enseignes classiques. Seuls les vendeurs ambulants, qui proposent des gants en peau de phoque dans la rue, et le marché aux poissons, où les pêcheurs viennent directement proposer leurs produits du jour, rappelle que nous sommes bien dans l’Arctique.

Le Musée national groenlandais, incontournable et fascinant 

Je commence par le Musée national groenlandais, qui est une pure merveille. Si vous voulez comprendre le Groenland, ne ratez pas cette visite. L’histoire de la colonisation (au sens large, depuis la nuit des temps) du Groenland me passionne. Pendant des millénaires, le Groenland a été une terre de passage, traversée par plusieurs vagues de migrations venant toujours du Nord-Ouest : les peuples arctiques arrivaient de la terre d’Ellesmere (Canada), en passant par l’étroit détroit de Narnes. Certains s’établissaient, d’autres repartaient, mais pendant plusieurs siècles, durant les intervalles entre deux vagues migratoires, le Groenland a été vierge de toute population humaine. Et ce qui me fascine, c’est d’imaginer que tous ces flux migratoires arrivaient du nord, pour s’établir dans la région qu’on nomme aujourd’hui Thulé (nom antique des confins septentrionaux du monde), au climat et à l’isolement extrêmes. Ils n’arrivaient pas du sud. Ces gens se déplaçaient sur la glace et la neige et suivaient les phoques dans une des régions les plus inhospitalières du globe. Les premiers arrivèrent vers 2500 avant notre ère, et appartenaient à ce qu’on appelle la culture « ASTT », Arctic Small Tool Tradition, ou paléo-eskimos. Puis ce furent les Dorset et les Saqqaq, toujours des cultures ASTT basées sur la chasse au phoque et l’utilisation d’outils en os. Les Saqqaq utilisaient des harpons pour chasser la baleine, et avaient un grand talent de confection, notamment de vêtements. Les Dorset avaient découvert l’usage de l’huile de phoque ou de baleine pour s’éclairer, dans des lampes en stéatite, pierre noire typique du Groenland. Les collections du musée présentent un nombre incroyable d’objets retrouvés lors des excavations archéologiques, et c’est si émouvant de voir se déployer la grande fresque de la culture arctique.

Le moment décisif de l’histoire inuit, c’est l’apparition, autour de l’an 1000, de la culture dite de Thulé, qui surgit en Alaska et dans l’extrême orient russe. Le peuple de Thulé est technologiquement beaucoup plus avancé que les peuples de l’ASTT : il utilise le métal, et surtout, il a une grande maîtrise de la navigation avec deux types de bateau, l’umilaq (un grand bateau d’environ 9 mètres, utilisé pour chasser la baleine) et le kayak. Ces deux bateaux ont une armature faite soit de bois, probablement du bois flotté venu de Sibérie, soit d’os de baleine, et la coque est constituée de fourrures de phoques imperméables tendues et cousues ensemble de façon à être parfaitement étanches. Avec ces embarcations, les Inuits partent à la conquête des ressources marines.

A gauche : kayaks et umilaqs. A droite : le costume national groenlandais, en perles et peau de phoque.

Animiste, le peuple de Thulé confère une âme non seulement aux choses de la nature, mais aussi aux outils, aux objets. Il pense que la « sila », force, souffle ou esprit, habite toute chose. Il utilise de nombreuses amulettes, des poupées symbolisant la puissance de leur créateur, et des « tupilaks », objets magiques en os, instruments terribles de mort et de malédiction. Il enterre ses morts avec des outils, des amulettes et surtout des chaussures, les pieds bien au chaud symbolisant un bon voyage, dans de grandes tombes qui ressemblent à des maisons. Dans une salle noire effrayante, le musée expose des momies inuites du 14e siècle, aux visages desséchés par le climat sec de l’Arctique, entièrement vêtus de fourrures de phoque et entourés d’objets rituels.

Les momies du musée national groenlandais.

Les gens de la culture de Thulé sont arrivés vers l’an 1200 au nord du Groenland, et sont peu à peu descendus le long des côtes sur l’ensemble de l’île. D’autres vagues sont arrivées du Canada à des moments ultérieurs, jusqu’au 19e siècle. Ce sont les ancêtres des Inuits groenlandais d’aujourd’hui – c’est cette culture-là, parfaitement adaptée aux conditions extrêmes, qui a su s’imposer en Arctique, du Groenland à la Sibérie en passant par le grand nord canadien. Ce qui permet aux Inuits de survivre à la rigueur de l’hiver, c’est notamment leur maîtrise de la fourrure. Etre capable de créer des embarcations maritimes en fourrure étanche, dans ces régions sans bois, a été décisif ; avoir un tel savoir-faire en matière de confection de vêtements leur permet de résister aux caprices du climat et aux petits âges glaciaires qui s’abattent sur le Groenland autour du XIIIe-XVe siècle, puis à la fin du XVIIIe. Les Vikings sont restés quelques siècles au sud du Groenland (toute une partie de l’exposition leur est consacrée), puis ils sont repartis, vaincus par le refroidissement et la rudesse du Groenland. Les Inuits sont restés. Ils étaient faits pour ces terres de glace.

A partir du XVIIIe siècle, le Danemark a colonisé le Groenland. Comme partout où les peuples premiers ont subi la domination d’une puissance européenne, c’est une longue histoire ambiguë, un mélange de coopération et de ressentiment. Mais je suis frappée par la résistance de la culture inuite. Le Groenland, peuplé à 80% par des Inuits, est vraiment leur pays. C’est quelque chose de très fort et de très dépaysant à Nuuk : c’est la première fois que je découvre un pays où la culture première a su se maintenir, s’imposer, s’intégrer harmonieusement à la modernité. Même si Nuuk arbore au premier abord une allure scandinave, c’est bien la capitale des Groenlandais, et elle défend ses traditions.

Chasse de subsistance et fourrure de phoque

Pour moi qui suis végétarienne et très branchée « 30 millions d’amis », le Groenland est déconcertant. C’est un pays de chasseurs depuis toujours.

La vie traditionnelle des Inuits, c’est la chasse, et notamment la chasse au phoque. Les hommes chassaient, en kayak, en umilaq, en traîneau, souvent seuls, les femmes préparaient la viande mais surtout les fourrures, les cousant, les traitant, confectionnant les vêtements. Un vêtement traditionnel inuit utilisait quatre à six phoques annelés pour la veste, vingt à vingt-cinq eiders pour l’intérieur de la veste (doublée en plume afin de permettre l’absorption de la sueur : la sueur qui gèle sur le corps par -30, c’est la mort assurée), un phoque annelé pour le pantalon, et enfin pour les chaussures (kamik) un jeune phoque, un caribou (ou un chien) pour la doublure intérieure, et un phoque barbu pour les semelles. On comprend mieux pourquoi la fourrure de phoque reste omniprésente dans la culture inuite.

Encore aujourd’hui, si les habitants de Nuuk mènent une vie normale et font leurs courses au supermarché, les gens qui vivent dans les villages reculés (notamment sur la côte Est, complètement sauvage et isolée) pratiquent une chasse de subsistance, et se nourrissent essentiellement de protéines animales. Chassés pour leur viande, les phoques sont utilisés pour fabriquer bottes, sacs, manteaux, et je vois un grand nombre de femmes porter des bottes ou des manteaux en peau de phoque teinte.

Les gens insistent sur la différence entre la chasse au phoque inuit, qui est toujours une chasse de subsistance où chaque animal sera mangé, et la chasse au phoque qui scandalise chaque année le monde entier au Canada (les bébés phoques fracassés avec un gourdin sur la banquise). Les Inuits disent chasser uniquement les adultes, pour leur viande et non pour leur fourrure. L’Union Européenne interdit d’ailleurs les imports de fourrure de phoque commerciale canadienne issue du massacre de bébés phoques, mais non la fourrure de phoque labellisée issue de la chasse inuite, qui jouit d’un statut d’exception.

Louise, designeuse de Nuuk Couture, travaille la fourrure de phoque. Même si je ne me sentirais pas capable de les porter, surtout en dehors du Groenland, je dois bien admettre que ses créations sont très belles. Louise est infiniment fière, car elle a été choisie parmi les 8 designers stars à la première Indigenous Fashion Fair (festival de la mode indigène), qui se tiendra ce printemps au Canada. Elle m’explique que la mode indigène, mettant en valeur le savoir-faire des peuples originels, a le vent en poupe. On le constate en se promenant dans Nuuk, où les magasins et les tenues des gens, notamment des femmes, montrent un véritable souci de l’esthétisme identitaire. Je fais un petit tour des marques de Nuuk.

Qiviut est une marque groenlandaise basée sur la laine et la peau de bœuf musqué, qui est en réalité une énorme chèvre poilue et brune, et non un bœuf. La boutique propose à la fois des pelotes de laine de bœuf musqué multicolores, des bonnets, des gants en laine, et des vêtements en peau de l’animal. Là encore, il s’agit d’une chasse de subsistance : les bœufs musqués, qui ne sont pas élevés mais qui vivent à l’état sauvage, sont chassés pour leur viande. Qiviut est associé à une chasseuse, Johanne Bech, qui fournit en viande son village de l’Est du Groenland. Qu’il s’agisse de phoque, de chèvre ou de baleine, dont les os sont utilisés pour créer des tupilaks (artisanat inuit), on nous précise toujours : « il ne sera jamais tué plus d’animaux que ce que nous pouvons manger ». Il y a quelques années, un chasseur avait défrayé la chronique en tuant un narval pour vendre sa corne à un riche collectionneur chinois. Le gouvernement groenlandais avait aussitôt réagi en interdisant la vente de corne de narval à toute personne n’étant pas résidente du Groenland – une loi toujours en vigueur. On sent combien le Groenland insiste sur le caractère traditionnel de la chasse, mais avec la mode actuelle de la fourrure, je me demande combien de temps ils sauront résister.

Je craque pour les créations d’Isaksen, qui propose des tee-shirts inspirés du costume national groenlandais. Pas de fourrure ici, je repars donc avec un très beau tee-shirt reprenant les motifs inuits traditionnels. Je découvre aussi le travail de la designeuse Bibi Chemnitz, qui décline de différentes manières le drapeau groenlandais. J’avoue être moins convaincue par la marque Inuit, qui propose des survêtements avec des petits bonhommes inuits dessus. Mais à en juger par les tenues des jeunes, mes réserves ne sont pas partagées. De nombreux ados portent les vêtements d’Inuit, d’Inaksen, de Bibi Chemnitz – je suis marquée par ce double souci de modernité et de tradition.

Design groenlandais : Qiviut, Isaksen, Great Greenland (avec des designs de Nuuk Couture).

Bottes en peau de phoque.

Artisanat du Groenland, en stéatite. Détail amusant : les pulls, eux, viennent d’Islande, et ne sont là que pour faire plaisir aux touristes.

Au sommet de la piste de ski, voir la ville grandir

Tous les peuples inuits du cercle arctique semblent suivre ce mouvement de réaffirmation de leur identité, et le Groenland, seule nation où les Inuits sont véritablement au pouvoir, en est le fer de lance. L’an dernier, Nuuk a accueilli les Arctic Winter Games, sorte de jeux olympiques de l’Arctique se tenant tous les deux ans dans un territoire membre. Nuuk est la seule ville groenlandaise à pouvoir accueillir les jeux, car elle est aussi la seule à compter un domaine skiable – ailleurs au Groenland, les montagnes ne sont accessibles qu’aux plus fortunés pratiquant l’héliski. A Nuuk, la piste surplombe la ville.

La vue depuis le sommet de la station est sublime. Sermitsiaq, la montagne mythique, est sur ma droite, à gauche la ville, comme un jet de confettis multicolores dans le blanc. Et partout s’étale le fjord, immense, constellé d’îlots enneigés, démesuré.

Au dessus de Nuuk.

.

.

Nuuk grandit à toute vitesse, on le voit depuis le sommet, et on le voit partout dans les rues, où poussent grues et chantiers. La ville attire. Plus de quarante nationalités sont déjà représentées, des Indiens, des Australiens, des Norvégiens, en quête d’opportunités et de nouveauté radicale. La représentante de l’office du tourisme, Stine, est danoise. Elle me dit que le Danemark est victime du succès de son système scolaire, et que là-bas, tout le monde fait de longues études prestigieuses et se retrouve surqualifié dans un pays où la banalité des diplômes les a démonétisés et où le marché du travail est saturé. Tout le monde est bardé de titres inutiles et personne ne trouve du travail. Elle rêvait depuis longtemps du Groenland, pays neuf où tout était possible, mais c’est quand la banque dans laquelle travaille son fiancé lui a proposé une mutation à Nuuk que le couple a vu la possibilité de migrer. Stine a envoyé des CV à Nuuk, et décroché son job de rêve en moins d’une semaine. Elle pense passer sa vie ici, dans ce pays neuf et excitant. Nuuk ensorcelle. Je rencontre des tas de gens qui pensaient venir ici pour six mois, et qui y sont depuis dix ans.

La ville a construit un nouveau quartier pour les nouveaux arrivants, à 5km du centre-ville : une jolie banlieue résidentielle, avec des immeubles multicolores. On a dégommé à la dynamite un morceau de fjord pour créer une route y conduisant, et aplatir le terrain. Mais déjà ce quartier est saturé, et les nouveaux habitants continuent d’affluer. Un autre quartier de ce genre est en projet, en allant plus loin dans le fjord, et en ressortant la dynamite. Ma guide m’emmène là où la route s’arrête. Des containers dressés en barrière marquent le bout du monde, la fin du chemin. Mais dans quelques années, la route continuera. On passera de l’autre côté du fjord, dans la baie suivante, et d’autres maisons multicolores feront face à la vieille ville.

Au bout de la route. Nuuk s’arrête ici.

Nouveaux quartiers.

Le port aussi s’est agrandi. Cet immense port commercial est le premier hub groenlandais. Les containers estampillés Royal Arctic acheminent ici les produits du monde entier. C’est aussi un port de pêche, dédié à l’exploitation des ressources immenses de la mer du Groenland. Enfin, le nouveau port permet de mieux accueillir les bateaux de croisière, qui se précipitent à Nuuk en été.

Le port de Nuuk.

.

.

Mon hôtel, Hans Egede, un 4 étoiles international confortable, projette d’ouvrir un second hôtel, plus axé sur les petits budgets. Le journal local célèbre des créations d’entreprise, de nouvelles succursales et filières : Nuuk se développe à toute vitesse, et attire les gens des vieux pays saturés qui rêvent de nouvelles aventures.

Une journée sublime dans le fjord de Nuuk

Cela restera un de mes plus beaux souvenirs non seulement du Groenland, mais de voyage tout court. Si vous venez à Nuuk, ne manquez pas d’explorer son fjord – c’est d’une beauté indescriptible.

Je m’embarque avec la compagnie Tupilak Travel pour Kapisillit, village perdu au fond du fjord de Nuuk. Ce système de fjords gigantesque est profond de 160km – c’est le deuxième plus grand du monde, après le Scoresby Sund sur la côte Est du pays. Nuuk est située 24km à l’intérieur du fjord, et Kapisillit 80 km plus loin. Nous partons tôt le matin du port de Nuuk, et je suis vite surprise d’apprendre l’identité de notre capitaine : il s’agit de Jens B. Eriksen, ancien leader du parti Demokratiit, ancien ministre groenlandais du Logement, des Infrastructures et du Transport. C’est le mode de fonctionnement scandinave, où on est ministre quelques années, puis on redevient capitaine de bateau et emmène les touristes dans les fjords.

Il me raconte que le Groenland a tout à gagner au réchauffement climatique. Nous nous plaisons à nous figurer le réchauffement sous la forme d’ours polaires esseulés sur la banquise, comme si le pôle nord en était la première victime. Mais cette culpabilisation est un subterfuge qui éloigne le danger de notre quotidien… et nous fait oublier que NOUS, habitants des villes littorales, sommes les premières victimes. « Le réchauffement climatique, c’est une manne pour le Groenland, une fabuleuse nouvelle. Mais pour New York, Los Angeles, les Pays-Bas, c’est autre chose. » Jens est convaincu de la nécessité de limiter le réchauffement, pour les générations futures. Mais comme il l’a expliqué au G20, ce n’est pas le Groenland qui va morfler. Au Groenland, la fonte dégage de nouvelles routes, permet de mieux ravitailler des villages isolés, de retrouver l’agriculture au sud du Groenland (ce qui n’avait pas été possible depuis le temps des vikings). Elle ouvre aussi le champ à l’exploitation minière. Actuellement, le Groenland n’a qu’une mine d’importance, des rubis, qui va arriver à épuisement. Mais d’autres gisements énormes attendent. Ils ne sont pas encore exploités car la glace empêche de travailler dix mois par an. La fenêtre d’exploitation est trop courte. Mais si elle venait à se rallonger… Tout le monde guette le réchauffement et les opportunités nouvelles.

Nous nous enfonçons dans le deuxième plus grand fjord du monde. Je suis tellement fascinée que je reste dehors, à affronter le froid, scotchée par ce paysage de bout du monde qui condense tous mes fantasmes de Norvège, de Patagonie et de Svalbard. Les fjords. Ces baies cisaillées par des géants de glace dont nous ne pouvons imaginer l’envergure, et qui ont laissé, en reculant, les roches fracturées, dentelées comme des mâchoires, dressées comme des fourches vers le ciel gris. Certains reliefs sont tranchants comme des ciseaux, d’autres plus érodés, infiniment anciens – nous passons devant des roches datant de 3,8 millions d’années, parmi les plus vieilles du monde. Des murailles bleues et des cascades de glace se glissent parfois entre deux pics. On nous montre une roche particulièrement spectaculaire, qui aurait été le théâtre d’un combat sanglant entre un Inuit et un Viking, remporté par le premier (historiquement, absolument rien n’atteste la véracité de ce duel, mais la légende a du chien).

Quitter Nuuk et s’enfoncer dans le fjord

.

.

Pics acérés

Un bleu fabuleux…

Carte du gigantesque fjord de Nuuk.

Textures fabuleuses de l’eau et des montagnes.

Cascades de glace.

La plus belle excursion maritime de ma vie ? Une des plus belles en tout cas !

.

L’arrivée à Kapisillit, dont le nom signifie saumon, me fait franchir un nouveau degré dans la fascination. Nous sommes presque au fond du fjord de Nuuk, dans un hameau de cinquante habitants tout au plus. Le paysage est sublime : c’est une colonie sur glace, un hameau martien au cœur de l’immensité glacée. Des chalets d’été demeurent vides, car les Danois ne viennent qu’à la bonne saison, tandis les Inuits vivent là à l’année. Le bateau approvisionne Kapisillit une fois par semaine. (La guide Inuit, qui vient de l’Est du Groenland, ricane : « c’est rien du tout ça, chez nous le bateau ne vient pas pendant dix mois à cause la glace »). Les habitants vivent de chasse et de pêche. Je vois des pêcheurs dans le fjord bleuté, des poissons séchant devant les maisons, un corbeau mort suspendu pour effrayer ses congénères et de magnifiques lapins arctiques à la fourrure hivernale immaculée suspendus devant une maison, le regard vide. L’omniprésence de la chasse est consubstantielle à l’identité groenlandaise, mais toujours un peu dérangeante pour moi, Occidentale sensible que je suis.

Dans l’église, que le prêtre de Nuuk vient occuper lors des grandes occasions, on trouve la Bible en danois et en groenlandais, et un superbe livre de messe destiné aux enfants, en groenlandais, qui transpose tout le mythe de la genèse et l’histoire de Jésus dans un décor arctique. On voit Marie au milieu des phoques, des baleines et des huskies. J’ai trop d’éducation pour voler quelque chose, surtout dans une église, mais j’aurais adoré pouvoir emporter ce livre.

Au retour, le capitaine et quelques touristes s’arrêtent pour pêcher la morue. Les eaux sont incroyablement poissonneuses. Je repense à Jésus au milieu des morues et des saumons, entre hiver éternel et abondance rare. Quel étrange Eden glacé que le Groenland, quel cadeau bizarre que Dieu a fait aux hommes.

A l’entrée du fjord.

Textures des glaces dans le fjord gelé.

Pêcheur dans le fjord.

Solitude sublime

.

Le hameau perdu.

L’église.

Info pratique : Jens, le capitaine, m’a dit que sa compagnie Tupilak Travel proposait deux types d’excursions en bateau à la journée. La virée vers le hameau de Kapisillit est disponible toute l’année, été comme hiver. L’été seulement, il propose également une excursion appelée « Icefjord », qui permet d’aller au fond du fjord à la rencontre du glacier et de naviguer au milieu des icebergs. Il paraît que c’est là aussi une excursion sublime, plébiscitée par les touristes en été.

Au musée d’art de Nuuk

Je visite le musée d’art de Nuuk avec sa directrice, Nivi Christensen. Nivi est une personnalité intéressante : elle vient de Tasiilaq, sur la mythique côte Est du Groenland, celle qui est isolée, perdue dans les glaces, peu peuplée. Ses deux parents sont eux aussi Groenlandais, elle est un pur produit des traditions de ce pays, mais elle est allée au lycée à Nuuk, puis à l’université à Copenhague, et est revenue au Groenland avec son mari danois pour reprendre en main ce musée après la mort de son fondateur. Elle me parle de l’indifférence sidérante du Danemark à l’égard du Groenland. Les enfants danois n’entendent jamais parler du Groenland à l’école, si ce n’est pour évoquer sa faune (phoques et baleines), la presse ne parle jamais du Groenland, si ce n’est une fois tous les quatre ans, lors des élections, lorsque la question de l’indépendance revient sur le tapis. Comme la plupart des Groenlandais cultivés, elle n’est pas favorable à l’indépendance, qu’elle pense dommageable au Groenland, mais comprend les racines viscérales, émotionnelles, de ce désir. La colonisation, les regroupements forcés, l’indifférence danoise, ont humilié les Groenlandais.

Le musée, donc. Il propose deux sections principales, le Groenland vu par les voyageurs et le Groenland vu par les Groenlandais. Ce qui m’intéresse le plus, c’est le rapport étroit qu’entretient l’art groenlandais avec l’imprimerie. Avant la peinture, l’art groenlandais était centré sur la sculpture : on sculptait des Tupilaks en os de baleine, de la stéatite (« soap stone »), des jouets, des amulettes. Le passage à un art pictural a cherché à conserver cette affinité avec la sculpture, notamment en utilisant les objets sculptés comme tampons pour coucher une forme sur papier, et l’imprimerie a décuplé ce type de possibilités. Une exposition temporaire magnifique présente les travaux de l’école qui est considérée comme la source de l’art inuit moderne : l’atelier de Cape Dorset, sur l’île de Baffin, au Nunavut. Depuis les années 70, Cape Dorset associe des artistes traditionnels inuits à un processus de fabrication industrielle, en leur permettant de reproduire leurs œuvres picturales (issues de la tradition du tampon, de la surimpression, de l’application d’objets gravés) pour des tirages d’une qualité et d’une vivacité exceptionnelles. Ces œuvres, représentant de façon stylisée et habitée des baleines, des phoques, des hommes et des femmes, des symboles traditionnels, des hiboux, des chiens, sont absolument magnifiques. Je suis conquise par cette école. Nivi me dit que le fait d’exposer Cape Dorset ici permet aussi de renforcer la sensation d’une communauté inuite par-delà les frontières étatiques. Elle me dit que les Groenlandais ne savent en réalité presque rien des Inuits du Canada ou d’Alaska, alors que leurs cultures sont extrêmement proches – avec la fin des migrations via le détroit de Narnes à la fin du XIXe, le lien a été rompu. Aujourd’hui, des manifestations comme les Arctic Winter Games, qui rencontrent un succès populaire immense, et des expositions plus pointues, comme celles que propose le musée de Nuuk, tentent de resouder cette culture éparpillée. Nivi me raconte que les enfants groenlandais sont sidérés en voyant les œuvres de Cape Dorset, disent « c’est canadien ? mais c’est comme chez nous ».

L’art groenlandais était avant tout celui de la sculpture. Les rues de Nuuk reprennent cette tradition avec de très nombreuses statues noires en stéatite.

Un musée lumineux et passionnant.

Le travail de Cape Dorset au musée d’art de Nuuk.

Le soir, je mange avec Nivi, Simon et Stine au restaurant gastronomique de mon hôtel Hans Egede, Sarfalik, considéré comme le meilleur de Nuuk (effectivement, ce repas sera inoubliable).

Sarfalik

Restaurant Sarfalik.

Nous parlons de la culture inuite dans son ensemble, au Groenland, au Canada, en Alaska. Encore aujourd’hui, les populations inuites d’Amérique du Nord restent très affectées par l’exclusion, le chômage, l’alcoolisme, comme beaucoup de peuples premiers ayant subi de plein fouet la colonisation et une modernité subie. Les Groenlandais s’en sortent beaucoup, beaucoup mieux. Nivi ne cache pas que les années 60-70 ont été très difficiles. Le Danemark a choisi de déplacer les habitants des hameaux isolés vers les grandes villes, afin de leur garantir l’accès à l’électricité, à l’eau courante, etc. Une décision logique, approuvée par les Groenlandais eux-mêmes au parlement… mais sans consultation des « petites gens » qui les ont subies. Après les déplacements de population, les habitants des hameaux perdus, déboussolés en ville, arrachés à leur terre, découvrirent l’alcool. On vit alors des gens ivres morts évanouis dans la rue par -30 dans les rues de Nuuk. Le gouvernement groenlandais a réagi avec une politique extrêmement restrictive sur la vente d’alcool, encore plus sévère qu’au Danemark. Je l’ai vu moi-même pendant le week-end de Pâques : la vente d’alcool était totalement interdite, du vendredi matin au lundi soir, excepté de 10h à 12h le dimanche. Et les prix de l’alcool étaient absolument prohibitifs. Je n’ai pas vu une seule personne ivre pendant tout mon séjour au Groenland, ceci expliquant sans doute cela. J’ai vu le Groenland qui réussit – avec Nuuk surtout, la ville en croissance permanente, au taux de chômage de 0%, avec Ilulissat aussi, la première ville touristique groenlandaise. Nivi admet que la côte Est est plus compliquée – plus isolée, plus solitaire, elle subit davantage de chômage, et donc d’alcoolisme. Mais elle précise aussi : « Je viens de Tasiilaq, la ville qu’on cite toujours comme la pire du Groenland. Quand on parle de chômage et d’alcoolisme au Groenland, Tasiilaq est toujours mise en avant. Et je peux t’assurer que ce n’était pas si dramatique que ça. Tasiilaq est une ville magnifique et j’y suis très attachée. Il y a encore des problèmes, des progrès à faire. Mais je ne comprends pas que le monde ne parle pas plus du Groenland. Nous sommes l’exemple d’une société indigène qui réussit, qui va bien, qui a presque son propre pays, qui a su défendre sa langue et sa culture, qui conserve ses traditions, tout en s’étant ouvert à la modernité, au confort, à la consommation, à l’investissement. Le Groenland devrait être un modèle pour tous les peuples indigènes en quête de souveraineté politique et d’indépendance économique. » Elle formule très précisément ce que j’ai ressenti à Nuuk. Et rien que pour ça, cette ville mérite le détour.

En bref : petit guide pour visiter Nuuk
Aller à Nuuk – que faire à nuuk – que voir à Nuuk – blog nuuk – voyage nuuk – nuuk groenland

Aller à Nuuk

Vous pouvez partir de Copenhague avec Air Greenland toute l’année, ou de Reykjavik avec Air Greenland en été, avec Air Iceland Connect l’hiver. Les meilleurs tarifs sont proposés par Air Greenland au départ de Copenhague, avec des « packages » intéressants incluant vol + hôtel. A ce que j’ai observé, le prix est plus intéressant dans le package que si vous les prenez séparément.

Dormir à Nuuk

J’ai adoré mon hôtel, Hans Egede, un 4 étoiles aux standards internationaux et à la décoration nordique élégante. La situation est idéale, à deux pas de toutes les principales attractions de Nuuk, et le petit-déjeuner est extra. Ils ont une salle de sport, un très beau bar rooftop, le fabuleux restaurant gastronomique Sarfalik et un second restaurant plus abordable.
A partir de 170 euros/nuit avec petit déjeuner.

Hôtel Hans Egede.

Si vous cherchez une option plus économique, l’hébergement le moins cher de Nuuk est Inuk Hostels, situé à 20 minutes à pied du cœur de ville, avec une vue superbe sur le fjord. Il s’agit de petits chalets avec salle de bain partagée, qui me semblent jolis. A partir de 87 euros en chambre double. Bien sûr, vous pouvez aussi jeter un coup d’oeil à  Air BnB.

Que voir et que faire à Nuuk ?

Une application utile pour visiter Nuuk

Téléchargez sur votre smartphone l’application Colourful Nuuk, proposée par l’office de tourisme de la ville. Elle vous tient au courant des évènements du moment, propose une carte de la ville disponible hors connexion (très important car vous n’avez pas le roaming avec un forfait européen au Groenland !) et un bon aperçu des activités disponibles.

Ces quatre jours à Nuuk m’ont absolument émerveillée et j’ai très envie de revoir la ville en été, d’y emmener mes proches, bref, de retourner explorer la merveilleuse capitale groenlandaise. Je veux remercier chaleureusement mes partenaires de m’avoir permis de vivre ce voyage extraordinaire : Visit Greenland, Air Greenland et Colourful Nuuk. Merci à Stine, de l’office du tourisme, et à Nivi, du musée d’art de Nuuk, pour le temps qu’elles m’ont consacré. Ce furent de très belles rencontres.

Je vais bien sûr continuer à vous raconter ce voyage au Groenland, avec Ilulissat et Kangerlussuaq. Inscrivez-vous à la newsletter pour suivre tout ça ?

Epinglez moi !

Nous gardons vos données privées et ne les partageons qu’avec les tierces parties qui rendent ce service possible. Lire notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Vérifiez votre boite de réception ou votre répertoire d’indésirables pour confirmer votre abonnement.

Quitter la version mobile