Le Vercors, la forteresse aux mille secrets
Que voir dans le Royans Vercors?
Forteresse minérale, royaume du vertige, le Vercors fascine par ses panoramas solennels. Larges cirques auréolés de crêtes claires, routes creusées à même la roche, cascades bondissant des à-pics moussus : c’est un décor de tableau romantique, un paysage âpre et bucolique à la fois. On pourrait passer une vie à explorer le Vercors, ses sentiers escarpés et les méandres que trace l’eau bondissante. Pénétrer ses hauts contreforts, c’est entrer dans un monde que nos pas semblent décupler au lieu de le rétrécir, et nombreux sont ceux qui ont su y disparaître, cachés au creux de la montagne magique. que voir dans le vercors et le royans
Les alpages de Font d’Urle, ou le Vercors du vertige.
La Chute de la Druise
La résonnance du beau nom de « Vercors » aux oreilles de l’histoire, vous la connaissez : le Vercors fut la terre suppliciée des résistants, la forteresse France imprenable. Je vous en parlais ICI, dans un article plus grave et douloureux. Mais aujourd’hui, je veux seulement vous raconter la beauté de cette contrée poétique, des marmottes et des cascades, des maisons suspendues au-dessus des eaux, des falaises crayeuses et des arrêtes tranchantes, et de l’eau qui ruisselle. Et au Vercors, j’associe toujours le pays de Royans, son flan Ouest, la porte d’entrée du pays magique pour qui arrive du Sud.
Saint Nazaire en Royans
Cascade au creux de Combe Laval
Chute de la Druise
Pour moi qui ai grandi au sud de la Drôme, dans les plaines alluviales du Rhône, le Vercors était la contrée dangereuse et sublime, la montagne altière qu’on voyait se détacher au loin, quand on roulait vers le Nord, et dont les cimes abruptes m’attiraient comme le danger aimante le héros des livres d’aventure. Je suis bien loin de connaître tous les secrets de ce pays unique entre tous – mais ceux que j’ai vus m’ont fait jurer d’y revenir encore et encore. que voir dans le vercors et le royans
Reliefs majestueux du Vercors.
Les reliefs caractéristiques du massif, ici à Perrin, tout au sud du Vercors
Routes effrayantes du Vercors.
Venez avec moi, nous entrons au cœur de la forteresse.
Le pays de Royans, sublime porte du Vercors
Entre Drôme et Isère, le pays de Royans est la porte qui ouvre sur les hauts sommets du Vercors, une contrée qui s’achemine vers les hauteurs, et que gouvernent les eaux. Le Royans, ce sont des villages infiniment pittoresques posés sur les eaux, tels que Saint Nazaire en Royans, que son aqueduc jeté au-dessus de la rivière Bourne a rendu célèbre. Si l’aqueduc date du XIXe siècle, les hommes ont peuplé cette région depuis la nuit des temps, et les grottes de Thaïs gardent les traces des Cro-Magnon. C’est un des multiples secrets du Vercors : ce réseau de grottes tracées par l’eau obstinée à travers le calcaire et le tuft, qui ont préservé loin de la lumière la mémoire du monde. que voir dans le vercors et le royans
Saint Nazaire et son aqueduc
Reflets de l’aqueduc
Remontons la Bourne jusqu’au village que je préfère dans le pays de Royans, Pont-en-Royans, le village qui a trouvé mille manières de déclarer son amour à l’onde vive.
Pont-en-Royans, mon coup de coeur dans le Vercors
Des fontaines somptueuses peuplent les rives de la Bourne, le Musée de l’eau la loue dans tous ses états, et les maisons l’aiment tant qu’elles se penchent dangereusement au-dessus de la rivière, comme si elles voulaient y plonger. Ces maisons suspendues au-dessus de la Bourne font la renommée de la ville, et souvent, quand je vois des photos d’autres endroits magnifiques où on trouve ce genre de constructions acrobatiques qui défient le vertige, comme les Cinqueterre ou la Côte Amalfitaine, j’ai une petite bouffée de chauvinisme : chez nous aussi, dans ma région, nous avons des architectes funambules, des gens qui rêvaient de vivre sur la pointe des pieds au-dessus de l’eau. que voir dans le vercors et le royans
Les iconiques maisons suspendues de Pont en Royans.
Pont en Royans, ou l’amour de l’eau vive
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Mon amie Marion, auteur du très beau blog La Faute Au Graph, a grandi dans le Vercors et connaît les beautés de Pont-en-Royans par cœur – et notamment les gorges qui se révèlent en remontant la Bourne, plus haut que le village, derrière le pont. C’est elle qui a pris la fabuleuse photo ci-dessous :
Pont en Royans vu par la talentueuse Marion, La Faute au Graph
Combe Laval, le vertige au coeur du pays de Royans
Combe Laval. A lui seul, ce cirque minéral immense justifie qu’on aille se perdre dans le pays de Royans. Imaginez un immense amphithéâtre de pierre, profond de 4km et haut de 600m, coiffé de crêtes comme autant de vagues qui se brisent, où des falaises immenses encerclent le fond de la vallée comme une herse.
Vue des hauteurs de Combe Laval
Une route spectaculaire a été creusée à flanc de falaise, et offre des vues fabuleuses sur la combe. C’est ici qu’on le comprend vraiment : le Vercors est un château fort, et de telles murailles préservent forcément quelque secret.
Route surplombante.
Au fond, à l’ombre des montagnes dressées comme autant de guerriers, là où l’air est frais et le soleil s’aventure peu, ils se découvrent peu à peu. Les hommes qui vécurent ici furent toujours d’une trempe extraordinaire – des ermites, des mystiques, des acharnés. Ils ont tracé des routes dans la montagne, superposé les pierres de tuf pour bâtir les ponts qui désenclavaient un peu cette vallée profonde que l’hiver encerclait de glace. Le Pont des Chartreux, surplombé de la cascade de Frochet, témoigne de cette longue histoire.
Eau bondissante sous le pont des Chartreux
Vue depuis la cascade de Frochet.
Si on remonte le ruisseau qui court au fond de la vallée, le Cholet, on parvient à un endroit étrange et unique en Europe occidentale : le monastère Saint-Antoine-le-Grand. L’ordre monastique orthodoxe qui peuple le Mont Athos, en Grèce (un des endroits les plus reculés et mystérieux du monde), a fondé en 1978 Saint-Antoine, et choisi le Vercors pour y vivre leur idéal d’isolation solennelle. C’est dire combien ce pays est sauvage et beau, quelle solennité l’habite, pour que ces ermites sublimes le jugent digne d’égaler le Mont Athos !
Monastère Saint Antoine le Grand. Hélas, il est interdit de prendre des photos à l’intérieur… mais croyez moi, c’est absolument fabuleux.
Il est malheureusement interdit de prendre des photos à l’intérieur du monastère, et je le regrette beaucoup, car c’est absolument sidérant. Je n’ai jamais vu ça en dehors de Russie, de Bulgarie, bref, d’Europe de l’Est : des murs de bois entièrement couverts de fresques et d’icônes, une Apocalypse à donner la chair de poule, un jugement dernier saisissant, un art iconique d’une beauté exceptionnelle, réalisé par un artiste russe. Croyez-moi sur parole, ce lieu mérite le détour…
En pratique : Saint Antoine le Grand est situé sur la commune de Saint Laurent en Royans et accessible en voiture uniquement – aucun transport en commun ne dessert les profondeurs de Combe Laval. Les horaires des visites varient selon les jours et la saison, consultez les ici .
Randonnée secrète dans Combe Laval
Voici maintenant la randonnée secrète, au cœur de Combe Laval : ne vous arrêtez pas à St Antoine, mais prenez le chemin qui longe le monastère sur la gauche, et remontez le cours du Cholet jusqu’aux cascades. L’eau jaillit de la paroi rocheuse après un long parcours souterrain, glaciale et empreinte des obscurités caverneuses, et cataracte en une série de piscines naturelles qui m’évoquent les « piscines des fées » de l’île de Skye, en Ecosse. C’est un lieu magique, où on imagine fées et elfes assoupis sur les mousses.
Entrons au coeur de Combe Laval…
A l’assaut de la cascade…
Pour les plus aventureux, l’épopée ne s’arrête pas au pied de la paroi : Combe Laval est un lieu d’escalade aussi dangereux que prisé, avec cette paroi immense, parfaitement lisse et raide…
Paroi verticale de Combe Laval
La source du Cholet, au fond de Combe Laval : fin de la randonnée secrète
La cascade et la falaise
J’ai bravé le froid glacial, je me suis baignée dans les piscines du Cholet. Leur couleur profonde, leur éclat d’émeraude avaient une qualité presque hypnotique. Mais l’eau était plus froide que tout ce que j’ai connu dans ma vie. C’était comme sauter dans un bain de glace, et j’ai eu l’impression d’être transpercée par mille petites lames… que voir dans le royans vercors
Baignade glaciaire dans les bassins de la cascade secrète…
En pratique : Cette randonnée est réservée aux personnes aguerries et empruntée à vos risques et périls, car elle est potentiellement dangereuse : il faut remonter la cascade, en escaladant les roches glissantes. Suivez le chemin qui part à gauche du monastère St Antoine le Grand en suivant la canalisation d’eau jusqu’au barrage, puis continuez en escaladant la cascade, jusqu’au sommet, jusqu’à la source du Cholet jaillissant de la Combe. Des voies d’escalade ont été aménagées pour ceux qui veulent s’aventurer ensuite à la paroi – mais je m’en suis bien gardée !
Fabuleuses piscines naturelles tout au long de la cascade
La chute de la Druise, plus belle cascade du Vercors
Mais sans doute devrais-je vous dire un mot de la plus belle cascade du Vercors. Elle demeure étonnamment confidentielle, compte tenu de sa grande beauté et de sa relative accessibilité (30 minutes de randonnée environ pour atteindre le fond du canyon où jaillit la chute), et pourtant cette chute m’a rappelé les plus belles cascades d’Islande et d’Ecosse. Tout au sud du parc du Vercors, tout au nord de la Drôme, elle se précipite au coeur d’une grande faille de calcaire blanc et doré, et a quelque chose de féerique.
La plus belle cascade du Vercors ? La chute de la Druise, au nord de la Drôme
Elle nous rappelle que le Vercors est le pays des cascades, et qu’elles sont innombrables dans ce territoire calcaire où la roche cède à la pluie – la cascade blanche de Sainte Eulalie, la cascade de la Fauge, le canyon des Ecouges sont autant de cascades en Vercors que je rêve de voir ou de revoir, et que je vous encourage à explorer.
Après la randonnée vers la chute de la Druise, arrêtez vous dans l’un des plus anciens restaurants de la région, le Moulin de la Pipe, un lieu dont l’authenticité et la beauté vous feront remonter le temps.
Moulin de la Pipe.
Les alpages de Font d’Urle
J’ai skié à Font d’Urle quand j’étais toute petite, en voyage scolaire. Pour nous, les Drômois de la plaine, cette station (située sur la commune de Bouvante) était le seuil du froid et de la verticalité, la première découverte du ski alpin et des paysages implacables de la montagne.
Des années plus tard, je l’ai revue à la fin de l’été, quand les troupeaux paissent encore dans les alpages.
Le calme des alpages de Font d’Urle – Chaud Clapier.
Troupeaux de mouton à Font d’Urle
Des chevaux et des moutons broutaient l’herbe épargnée par les arrêtes pierreuses. Plus loin, là où seuls les chamois s’aventurent, la montagne s’ouvrait et se plissait comme une lame fondue, révélant la profondeur des vallées du Vercors, et le dédale des cimes.
Le Vercors ouvre son coeur
Pays sauvage et âpre.
Arrêtes effrayantes du Vercors
J’ai vu des marmottes profiter des derniers dons de l’été. Je n’ai pas vu de chamois, hélas – mais on m’a promis qu’ils étaient là, tout près. Je reviendrai à leur rencontre…
Oui, il y a des tas de marmottes dans le Vercors !
Souvenirs d’autres randonnées en Vercors
Le reste n’est qu’un fouillis de souvenirs dans la mémoire d’un vieux téléphone, des instantanés au vol, des merveilles en vrac.
Au hasard d’une route, au coeur du Vercors
Je me souviens d’avoir traversé le Vercors par la route du sud vers le nord par la route d’Autrans. Par endroits, le paysage s’ouvrait en grand et de grandes étendues se révélaient quelques centaines de mètres sous nos roues – parapentes et deltaplanes s’élançaient vers ces contrebas faramineux.
Je me souviens m’être pris un sapin en skiant à Lans-en-Vercors, parce que j’avais détourné la tête pour regarder un écureuil qui sautait de branche en branche. La station était une petite merveille à l’écart des grands axes, à taille humaine et boisée.
Je me souviens d’être partie, à Villard-de-Lans, à la recherche du Pont de l’Amour, une balade merveilleuse à travers des forêts moussues et des clairières remplies de fleurs sauvages, jusqu’à une petite cascade au milieu des bois.
Je me souviens avoir été fascinée par les Grottes de Choranche, où une rivière souterraine a dessiné des décors d’une beauté rare, et où vivent des protées, des salamandres cavernicoles d’une étrangeté stupéfiante, lointaines cousines de l’axolotl qui ne vieillit jamais. Sous la terre, dans la lumière tremblante des eaux mouvantes, ces créatures des abysses révèlent leurs corps de dragon.
Collections d’instantanés du Vercors et du pays de Royans. En haut : la cascade blanche, à Ste Eulalie ; les crêtes au dessus de Choranche. 2e ligne : Combe Laval ; la cascade du Pont de l’Amour à Villard de Lans. 3e ligne : une clairière à Villard de Lans ; la route d’Autrans. 4e ligne : cascades de Choranche ; Combe Laval. 5e ligne : Grotte de Choranche ; Pont en Royans. En bas : Grotte de Choranche ; cascades de Choranche.
Je suis bien loin d’avoir tout vu dans le Vercors. Je n’ai vu ni les gorges du Nan, ni les Ecouges, ni la grotte de la Draye Blanche. Je sais qu’ici l’espace se dilate, que chaque caverne et chaque vallée semble ouvrir sur des profondeurs inconnues, que le massif est comme un espace-temps à part, où chaque randonnée est une descente dans l’inouï. Je sais qu’ici, la France est plus brute et belle qu’ailleurs, qu’un vent d’extraordinaire souffle sur les sommets. Je sais que je reviendrai.
La cascade secrète, clef du mystère…
Et vous ? Connaissez-vous le Vercors et le Royans ? Racontez-moi.
Epinglez-moi !