Connaissez-vous le Lot ? Au cœur du pays occitan, le Lot est un pays où l’eau se fraie un chemin au cœur d’immenses plateaux de calcaire qu’on nomme les causses. Les vallées du Lot, du Célé et de la Dordogne fascinent par leurs falaises aux tons dorés, leurs villages perchés sur des éperons rocheux et leurs maisons troglodytes. Après mes nombreux voyages en Aveyron, cela faisait longtemps que je rêvais de découvrir son voisin, qu’on me disait aussi authentique, impressionnant et préservé. Et je n’ai pas été déçue un seul instant. J’ai été éblouie par la beauté des paysages naturels, la richesse du patrimoine culturel, et l’authenticité des expériences vécues dans ce haut bastion de la culture occitane.
Le Lot fait partie de ces régions bénies qui me rappellent encore et toujours combien j’aime mon pays, combien sa richesse, sa diversité et son opiniâtreté à préserver son histoire le rendent exceptionnel. Si vous aimez la France, ses paysages, son histoire, sa gastronomie, son sens de l’art de vivre, vous ne pourrez qu’adorer le Lot et célébrer la puissance de son authenticité. J’ai retrouvé ici un sentiment très précieux que j’avais déjà éprouvé en Lozère, en Aveyron : celui d’être véritablement au cœur de la France, dans des paysages exceptionnels, face à un patrimoine millénaire qui inspire un profond respect, et de toucher à une forme d’éternité. Rocamadour, St Cirq Lapopie, Padirac, les villages de la vallée du Célé, Figeac… la beauté de ces sites est intemporelle, elle vous soustrait au tourbillon du temps et vous procure la sérénité de l’immuable. Il y a quelque chose d’apaisant à se dire que d’autres yeux, il y a cent ans, ont vu les mêmes choses que moi, et que d’autres les retrouveront encore dans cent ans… Cette sensation d’éternité, je l’ai ressentie avec une acuité toute particulière à Pech-Merle, un site dont je ne manquerai pas de vous parler.
J’ai découvert le Lot au fil de l’eau, en suivant ses rivières. J’ai longé le Célé dans le Quercy, le Lot à St Cirq Lapopie, la Dordogne à Martel. J’ai découvert les œuvres souterraines de l’eau qui s’infiltre avec patience au fil des siècles, à Padirac et à Pech-Merle. J’ai rêvé en suivant les méandres, les fontaines et les falaises sculptées par les eaux du Lot. Je vous propose de suivre ce voyage, du sud du Lot – la vallée du Célé – jusqu’au nord – Rocamadour, Padirac et Martel -, en sachant bien sûr que je suis loin d’avoir tout vu…
J’ai fait ce voyage avec mon amie Magali alias MaGlobetrotteuse, et c’était un vrai bonheur de l’avoir à mes côtés. C’est elle la photographe chaque fois que j’apparais, bien sûr !
Visiter la vallée du Célé, un bel incontournable du Lot
Notre périple commence dans la vallée du Célé, dans cette belle région qu’on nomme le Quercy. Nous sommes au sud du Lot, à la frontière avec l’Aveyron, dans les grands causses. C’est un pays de pierre blonde, de calcaire mordoré comme roussi par le soleil méridional – nous sommes au carrefour du midi et du Massif central, entre lumière et montagne –, où l’eau a sculpté de hautes falaises auxquelles les villages se sont accrochés. Nous sommes émerveillées par ces visions où la main de l’homme épouse la singularité du paysage, où le patrimoine se fond à la géologie.
Pour vous parler de la vallée du Célé, je commencerai par deux randonnées panoramiques de toute beauté. Ces deux balades pittoresques résument bien la beauté naturelle de la vallée, où l’eau qui serpente épouse la roche dorée…
Visiter le Lot : deux belles randonnées dans la vallée du Célé
A Brengues, prenez le Sentier des Anglais. Il porte ce nom car les Britanniques se sont longtemps battus pour cette belle région convoitée de tous, et ont construit des forteresses dans les falaises, châteaux en ruines aujourd’hui d’une poésie saisissante. Le sentier surplombe un méandre de la rivière, court en balcon à flanc de falaise creusée, et offre une vue de toute beauté sur le village en contrebas.
A Sauliac, le chemin du vieux Sauliac conduit sur les hauteurs à des habitations troglodytes anciennes. Au début du XXe siècle, les gens occupaient encore ce village perché aux allures de Seigneur des Anneaux. Les maisons ont longtemps été abandonnées, mais aujourd’hui, des passionnés les restaurent peu à peu pour les transformer en gîtes, en ateliers d’artiste… Nous y sommes allées en début de matinée, dans la lumière du matin, et c’était superbe.
Visiter les beaux villages de la vallée du Célé
Un road trip dans la vallée du Célé, c’est une carte postale sépia, un magnifique voyage rétro. Partout, les villages de pierre blonde du Quercy jouxtent les saisissantes façades dorées, et c’est une collection de villages au charme authentiquement français qui me donnent envie d’acheter une 2CV, un béret et une écharpe tricolore. Plus je vieillis et plus j’aime voyager en France, je suis à deux doigts du camping car et du parasol avec un best of Claude François.
Mon plus grand coup de cœur restera Marcilhac sur Célé, avec sa spectaculaire abbaye en ruines et son charme fleuri. Marcilhac est superbe, avec ses maisons à fleur de Célé, ses jardins, ses maisons où le bois des colombages se mêle à la pierre chaleureuse du Quercy. Le cœur du village, c’est bien évidemment la romantique abbaye St Pierre. Cette belle étape sur le chemin de St Jacques, autrefois opulente et puissante, est partiellement en ruines depuis les carnages des guerres de religion, mais l’église demeure intacte et une grande beauté en émane.
Et puis, on m’a eue par les sentiments, car nous avons très bien mangé à Marcilhac. Nous y avons dégusté un panier de spécialités 100% Lot : le fromage rocamadour, la tarte aux noix, le jus de pomme de Montcuq (oui, vous avez le droit de rigoler bêtement), les noix au chocolat, les terrines au safran du Quercy, le vin de Cahors, le melon du Quercy… un régal. C’est quand même savoureux de voyager en France, et j’ai adoré cette table de produits locaux. Je vous encourage vraiment à goûter ces spécialités : tout était délicieux, et c’est un tel plaisir d’associer la découverte d’une région à celle de son terroir…
Mais il me faut aussi citer d’autres villages charmants. Cardaillac, avec ses grandes tours médiévales, son petit musée du Quercy, ses boutiques de charme, m’a énormément plu.
Corn était ravissant avec ses vignes à l’assaut des colombages.
Quant à Espagnac Sainte Eulalie, c’est une superbe étape sur le chemin de St Jacques, avec une beauté venue d’antan et un gîte accueillant les pèlerins – ce village respire la piété, comme je l’ai déjà ressenti en Aveyron dans les villages situés sur la Via Podiensis.
J’ai vraiment été charmée par cette vallée au charme intemporel… et je n’avais pas encore tout vu.
Au cœur de la vallée du Célé, une chambre d’hôtes de charme
C’est une petite maison de pierre et de bois, perdue sur les hauteurs de Marcilhac, au cœur de la vallée du Célé. Un hébergement abordable, profondément authentique et chaleureux pour lequel nous avons eu un vrai coup de cœur, Magali et moi. Cela s’appelle La Métairie Haute, et cette chambre d’hôte rurale de charme incarne toute la chaleur typique de l’Occitanie. Par un chemin perdu dans la montagne, nous arrivons à un plateau où nous attendent une ferme et une cazelle (maison de pierre sèche typique des bergeries occitanes), quelque part sur les hauteurs de la vallée du Célé. Dans ce lieu idyllique et préservé en pleine nature vit une famille adorable, qui produit de façon artisanale plusieurs produits agricoles, notamment des sirops de plantes du coin. Je recommande le sirop de sureau, un délice !
Notre chambre est dans une petite maison qui épouse l’atmosphère du lieu, avec des bois naturels montant à l’assaut du plafond. C’est comme dormir dans la forêt, mais en mieux (le lit est très confortable et il y a une jolie salle de bain bien aménagée). Nous avons partagé le dîner avec nos hôtes et ce fut un moment très convivial. Je recommande cette adresse, surtout si votre plaisir est de rencontrer les gens amoureux de leur pays !
Figeac : une perle médiévale méconnue à découvrir dans le Lot
Figeac ? J’avoue ne jamais en avoir entendu parler avant de découvrir le sud du Lot, et je me dis que c’est un scandale : cette ville magnifique mériterait d’être infiniment plus connue. Figeac, c’est avant tout une des villes médiévales les mieux préservées de France. Prosper Mérimée, lors de son voyage dans le Massif Central, remarque que « toute la ville est remplie de maisons anciennes, avec portes et fenêtres en ogive ». Il détaille la beauté des églises de Figeac, mais à l’époque, en 1838, cela ne lui apparaît pas comme particulièrement remarquable : nombreuses sont alors les villes françaises qui ont conservé leurs constructions médiévales et Renaissance. Mais un siècle plus tard… après deux guerres mondiales, et la frénésie de reconstruction post 1945, cela devient véritablement exceptionnel. Tant de villes françaises ont été soit détruites par les combats, soit démolies volontairement pour faire du neuf, faire moderne, au mépris du patrimoine multiséculaire qu’on renvoyait aux gravats !
Miraculeusement préservée par sa situation un peu « perdue », loin du front et loin des grands axes, Figeac a su conserver son dédale de ruelles, ses maisons datant du XIIIe siècle, ses églises, ses cours, et ses détails charmants venus du fond des âges, comme ce petit chien médiéval sculpté dans la façade d’une maison.
Située sur les contreforts sud du Massif Central, à deux pas du Cantal et de l’Aveyron, Figeac a ce côté montagnard conféré par le grès et les hivers rudes, mais aussi une atmosphère résolument méridionale, avec la pierre blonde du Quercy, les cyprès en pleine ville, et surtout les « soulheios » emblématiques, des greniers ouverts orientés plein sud qu’on utilisait pour sécher et conserver la nourriture.
De très nombreux soulheios sont préservés dans le cœur de ville, et c’est vraiment une vision typique de Figeac, qui m’a énormément plu et qui fait rayonner l’identité de l’Occitanie. Magali et moi avons bénéficié d’une belle visite guidée qui nous a révélé les trésors de Figeac, ville de marchands, de juges et de prêtres. Cette ville a été une vraie belle surprise.
Mais Figeac, c’est aussi le merveilleux musée Champollion, qui m’a conquise. S’il a passé une bonne partie de sa vie à Grenoble, l’immense et génial linguiste décrypteur de la pierre de Rosette est né à Figeac, et sa maison natale est devenue le musée des écritures du monde. C’est une véritable odyssée de l’intelligence humaine, une fascinante plongée dans les écritures (décryptées ou encore énigmatiques) à travers le monde et le temps – Egypte antique, mayas, Japon, île de Pâques, Chine, étrusques… De Champollion au premier niveau, on monte vers les différentes écritures du monde, et on suit le cheminement de ceux qui ont tenté de les décrypter, l’évolution de l’ingéniosité humaine à travers les âges. La visite m’a fascinée, je la recommande chaudement ! Mention spéciale pour la sublime façade, où le métal chaud dans lequel ont été tracées les écritures du monde attrape les rayons du soleil couchant…
A deux pas du musée, une immense œuvre d’art m’a captivée. Sur la Place des Ecritures, l’artiste Joseph Kossuth a reproduit la pierre de Rosette en taille XXL, dans la cour d’une abbaye médiévale datant du XIIIe siècle et parfaitement préservée. L’ensemble est puissamment évocateur. Cette vision du granit noir portant les inscriptions décryptées, au cœur des ogives gothiques, m’a rappelé le début de l’évangile selon St Jean : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu… » (Oui, vous avez le droit de marcher sur l’œuvre, je n’ai pas commis de sacrilège !)
Un hôtel merveilleux à Figeac : le Mercure Viguier du Roy
Je vous ai convaincus de découvrir la vallée du Célé et Figeac, et vous rêvez d’un cocon, d’un îlot de grâce et de beauté ? d’un hôtel follement romantique ? Ne cherchez plus : je veux vous parler d’un hôtel qui nous a littéralement émerveillées, Magali et moi.
A première vue, rien ne distingue
le Mercure Figeac Viguier du Roy d’un autre bel hôtel de centre-ville :
une façade historique, une allure chic et élégante. Mais poussez la porte, et
c’est une autre dimension… vous voici aspiré dans un monde intemporel de
pure beauté.
Qui pourrait imaginer qu’au cœur même de Figeac se cache un ancien cloître, une
immense cour intérieure, des jardins, des fontaines, une piscine, le tout
enchâssé entre le musée Champollion et l’église comme une perle dans son huître ?
C’est un véritable monde secret qui se révèle une fois la porte franchie… Cette
demeure médiévale a tout gardé, les hautes ogives des voûtes, le charme
monastique des jardins, le raffinement des temps aristocratiques. J’entendais
les fontaines bruisser et les oiseaux chanter dans le soir, je nageais dans le
calme de l’eau tiède entre les murs vénérables, et je me sentais incroyablement
privilégiée. Ce lieu est une pure magie.
Nous avons eu la chance inouïe de dormir dans une suite, et j’en garderai le souvenir d’une des plus belles chambres de ma vie : un univers capitonné de velours et de soie, rouge comme une alcôve de passion. Cette chambre immense était d’une beauté rare, avec son salon, sa vaste salle de bain, et son grand lit de princesses sous les hauts plafonds. Nous étions à deux pas de la magnifique piscine chauffée, dans un havre de paix et de douceur qui alliait le charme de l’ancien temps et le confort du nouveau. Tout était parfait, tout était beau et enveloppant. Je me sentais si bien dans ce cocon loin du monde…
Le restaurant de l’hôtel, la Dînée du Viguier, est une adresse gastronomique reconnue et nous avons merveilleusement bien mangé. Son menu s’ancre dans le terroir local : les carnivores trouveront toutes les spécialités à base de canard qui font la fierté de la région, les autres se régaleront des légumes et fruits du Lot. Mention spéciale au dessert, à base de figues rôties absolument exceptionnelles… les saveurs du sud-ouest nous ont régalées.
Bien sûr, un tel hôtel a un prix, mais parce que Figeac reste encore à l’écart du tourisme de masse, les tarifs sont bien en dessous de ce qu’on trouverait dans une ville plus touristique pour un hôtel de ce standing. Si vous rêvez d’une escapade romantique d’exception, qui plus est dans une ville qui a tant de merveilles à offrir, retenez bien cette adresse : cela restera un de mes plus beaux souvenirs de l’année.
L’endroit inouï que je n’ai pas photographié : la grotte ornée de Pech-Merle
C’est un lieu merveilleux au cœur de la vallée du Célé, un lieu dont je veux absolument vous parler, même si je me heurte à une difficulté : je ne l’ai pas photographié. Je ne l’ai pas photographié, car cela était interdit, des mesures de protection stricte entourent ce site exceptionnel. Je pourrais, bien sûr, trouver une photo de banque d’images, mais outre le fait que je préfère n’utiliser que mes photos, je crois en fait préférer ne pas vous montrer d’image. Je voudrais que vous arriviez dans le même état que moi, sans avoir jamais vu de photo, complètement vierge de toute attente, que vous descendiez dans le noir sans savoir ce que vous allez voir, et que vous soyez éblouis.
Pech-Merle est une grotte ornée : une grotte dans laquelle les hommes préhistoriques ont peint de grandes fresques rupestres. Nous avons la chance inouïe, en France, de posséder plusieurs sites majeurs, à chaque fois taillés dans des plateaux calcaires, dont les anfractuosités se prêtaient merveilleusement aux rituels rupestres et qui ont surtout permis la conservation de ces œuvres à travers les âges. Rendez-vous compte : les fresques que vous découvrirez ici ont environ 29 000 ans… Les trois sites les plus spectaculaires de France sont Lascaux (Dordogne), Chauvet (Ardèche) et donc Pech Merle (Lot), mais ce dernier a une particularité : il s’agit de la vraie grotte. A Chauvet et à Lascaux, vous pénétrez dans une (très belle, très fidèle) reproduction, mais à Pech Merle, l’émotion est plus intense encore, plus brute : c’est la vraie grotte. C’est ici. Cette obscurité, ce sol accidenté, cette humidité, ces murs, ce sont ceux qu’ont connus nos ancêtres, il y a presque trente mille ans.
Je ne vous montre pas de photos, pour préserver votre émotion.
Ici, vous allez découvrir les traces de pas d’un homme, préservées dans la glaise depuis plusieurs dizaines de millénaires.
Vous allez découvrir plus de 70 animaux tracés sur les parois, aurochs, ours, mammouths, tracés ou gravés au silex, à l’ocre, au charbon.
Et surtout… vous allez découvrir une œuvre d’art inouïe, extraordinaire, dont vous vous souviendrez toute votre vie : la fresque des chevaux ponctués. Quant après un cheminement dans la pénombre, la torche de la guide a éclairé cette fresque, j’ai eu les larmes aux yeux. Il y a trente mille ans, ces hommes ont rêvé, créé, prié, aimé, craint, et laissé l’empreinte de leurs songes sur ce mur. Se tenir si près d’eux, dans l’intimité de la grotte, m’a bouleversée.
J’ai lu beaucoup de choses sur l’art pariétal depuis ma visite, j’ai acheté des livres à la boutique, notamment Pourquoi l’art préhistorique ? de Jean Clottes, que je vous recommande si le sujet vous intéresse. J’ai découvert que, contrairement à ce que nous pensions, les hommes préhistoriques ne vivaient pas dans les grottes. La grotte de Pech Merle est profonde, périlleuse, noire comme la plus noire des nuits. Un homme est descendu au péril de sa vie à la maigre lueur d’un flambeau, pendant plusieurs heures, avant d’atteindre cette paroi. Il a réalisé son œuvre d’un seul tenant. Puis il est remonté, et sa fresque a sommeillé sous la terre pendant près de trente mille ans. Les grottes n’étaient pas des habitations, elles étaient des chapelles, des temples. Ces hommes descendaient sous la terre pour des raisons rituelles, religieuses, pour exprimer quelque chose d’éternel et indicible à travers le dessin. Ils sont les témoignages d’un sens artistique, d’une inquiétude spirituelle, qui continue à nous toucher à travers l’eau trouble des temps. Ce besoin de spiritualité est vieux comme l’Homme, et c’est ce qui m’a profondément touchée à Pech Merle.
Bonnes adresses dans le Lot : un joli resto près de Pech Merle
Et puis, nous sommes remontées à la surface et nous avions faim. Nous avons mangé dans un restaurant délicieux, à l’Hôtel Restaurant des Grottes du Pech Merle, à Cabrerets. Cela restera comme un souvenir parfait : manger au bord de l’eau, dans un cadre idyllique, une cuisine fraîche, goûteuse, 100% locale, au rythme de la rivière sous la tonnelle… L’accueil était chaleureux et le repas excellent, avec un rapport qualité-prix à toute épreuve. Au moment de partir, on nous a offert des spécialités faites maisons à emporter : une tarte au noix du Quercy, de la confiture d’abricot et de romarin… une jolie façon de prolonger le moment idyllique (et de mettre plein de miettes dans la voiture).
Visiter le Lot et découvrir la merveille, Saint Cirq Lapopie
J’ai toujours eu le
culte des « plus beaux villages de France », un label qui ne m’a
jamais déçue. J’ai le guide complet, et j’ai ce rêve de tous les découvrir, que
je réalise morceau par morceau… Tous les « plus beaux villages de France »
valent le détour. Mais certains sont plus éblouissants encore que d’autres.
St Cirq Lapopie dans le Lot, ce n’est pas seulement un des plus beaux villages
de France, c’est un des plus beaux villages de ma vie : une merveille de
pierre blonde et de bois clair, suspendue sur un éperon rocheux au-dessus du
Lot dans un méandre offrant des panoramas spectaculaires. Une vraie merveille qui
incarne à merveille ce que j’ai tant aimé dans le Quercy : la conjugaison
de la beauté naturelle (falaises, rivières, paysages splendides) et de la prouesse
architecturale (villages perchés, troglodytes, églises à fleur de roche…).
St Cirq Lapopie, élu « village préféré des Français » en 2012, a été rendu célèbre par André Breton, qui a déclaré ne plus vouloir vivre ailleurs qu’ici et s’est établi dans cette citadelle de dentelle dans la roche. Je pense que j’aurais dû y passer davantage de temps encore, explorer davantage les ruelles, les galeries, les petites boutiques, les nombreux monuments historiques qui font de ce village un des plus séduisants que je connaisse.
St Cirq est la culmination de tout ce que j’ai ressenti : vraiment, le Lot est un bijou, éternel et pur comme un diamant bien taillé. J’espère vraiment vous donner envie de faire un tour dans ce coin de France, car il y a là-bas une poésie brute, une beauté intemporelle qui me touche profondément.
Autour de St Cirq Lapopie : des aventures outdoor
Outre le patrimoine grandiose, plusieurs activités outdoor assez géniales devraient vous donner envie de faire un tour dans la région de St Cirq Lapopie, à la croisée des rivières entre la vallée du Lot et du Célé.
Le chemin de halage de St Cirq est un incontournable. A l’époque où St Cirq était un village de bateliers (je vous invite à consulter mon article sur Noyon pour en savoir davantage sur la vie des bateliers), on utilisait ce chemin creusé dans la roche pour tirer les barges passant sur la rivière, avec une traction humaine, animale, puis à vapeur. Le site est spectaculaire et se découvre à pied ou en bateau, avec les croisières de St Cirq. Nous avons conduit notre bateau nous-mêmes et en toute sincérité, ce n’est pas facile : je vous recommande plutôt le circuit accompagné, pour pouvoir vous relaxer et profiter du paysage ! Belle capitaine, Magali a su nous sauver des hauts-fonds et des falaises traîtresses, mais ce fut épique !
Toujours côté aquatique, voici le seul regret du voyage (mais ce n’était la faute de personne) : nous aurions dû descendre le Célé en canoë, et je m’en faisais une joie. Or le niveau d’eau était trop bas en cette fin d’été. Je rêvais de cette escapade, la vallée du Célé étant si belle, si spéciale, et moi tarée de kayak – je serai donc OBLIGÉE de revenir dans le Lot, mais il y a pire dans la vie comme obligation, on en conviendra.
A la place du canoë, nous avons fait une belle découverte : le parcours de tyrolienne géante et via ferrata de Kalapca, à Bouziès (jonction des vallées du Lot et du Célé). L’équipe d’encadrement est chaleureuse et passionnée, et le parcours de grande qualité. Le parcours mêle des via ferratas de différents niveaux (certaines avaient l’air assez costauds, d’autres plus accessibles – nous avons fait un petit bout facile) et trois tyroliennes vraiment spectaculaires. La dernière faisait 300 mètres ! Malgré la petite décharge d’adrénaline, c’est un bonheur de pouvoir transformer en terrain de jeu un cadre aussi sublime que les falaises dorées du Quercy. Kalapca propose également du kayak, et d’autres activités outdoor sympathiques.
J’ai eu un immense coup de foudre pour cette belle, belle région de St Cirq Lapopie, et je me suis promis d’y revenir un jour… Mais il est désormais temps de mettre cap au Nord.
Visiter le Lot : le Nord, autour de Rocamadour et Padirac
Nous avons quitté le Célé et le Lot pour rejoindre au nord du Lot la vallée de la Dordogne, en limite du département du même nom. Cette région compte deux sites touristiques majeurs : Rocamadour et le gouffre de Padirac, des mythes du voyage à la française.
Le gouffre de Padirac, le plus célèbre des gouffres français
Regardez cette photo de Magali et moi sur la rivière souterraine du gouffre de Padirac. Un air de déjà vu ? Sans doute, car elle est une véritable institution du souvenir de vacances : des centaines de milliers de Français l’ont faite avant nous.
Le gouffre de Padirac est le plus important et le plus ancien des mondes souterrains de France. C’est l’immense aventurier et spéléologue E.A. Martel qui l’explore le premier – je dis « explorer » et non « découvrir », car étant donné la taille du trou d’ouverture, on savait bien que Padirac était là. Mais les habitants se méfiaient des profondeurs. « Trou du Diable », le gouffre faisait figure de porte des Enfers. Les villageois y jetaient les animaux morts (il y a eu un petit travail d’aménagement touristique, on s’en doute…) et évitaient totalement de descendre dans la bouche infernale. Mais E.A. Martel adore ce genre de défis. Vous le savez peut-être : le père de la spéléologie est le héros intrépide qui a exploré tous les plateaux calcaires de France, découvert toutes les grottes mythiques de l’Ardèche, la Lozère, l’Hérault, l’Aveyron… Je suis fascinée par cette figue d’aventurier des temps modernes et je vous recommande le bouquin que j’ai acheté à la jolie boutique du gouffre de Padirac, Edouard Alfred Martel, Explorateur du monde souterrain , de Norbert Casteret. Ca se lit comme un roman épique !
Revenons à Padirac. Martel descend dans le « trou du diable » avec le curé du village (on ne sait jamais !) en 1889. Il entre dans le gouffre, une cavité béante profonde de 35 mètres, puis descend plus bas encore sous la terre. A plus de cent mètres de profondeur, il trouve une rivière souterraine, qui traverse une grotte aux dimensions monumentales.
On estime que le réseau de Padirac est long de plus de 55 kilomètres
– seule une infime partie est ouverte au public, 2,5 kilomètres, mais
je vous garantis que c’est impressionnant. Padirac reste énigmatique, un
défi pour les aventuriers de l’extrême. Notre guide nous a raconté que
des expéditions continuaient d’avoir lieu dans la partie inconnue,
réservées aux meilleurs spéléologues, avec plongées dans des cavités
remplies d’eau et plusieurs nuits sous terre… j’en avais des frissons
d’horreur !
Le gouffre de Padirac est un mythe dans l’histoire du tourisme en France, car il a été ouvert au public dès 1899 (avec un gigantesque ascenseur de fer à la mode Tour Eiffel, et un restaurant panoramique qui n’existe malheureusement plus) et continue de fasciner par ses dimensions, sa démesure. Ce n’est peut-être pas la plus belle grotte de France (j’en ai vu des plus fines, des plus délicates, ici les dimensions et l’ampleur de l’écoulement d’eau empêchent un travail de minutie), mais c’est sans aucun doute la plus spectaculaire et mythique. Ce qui m’a fascinée, c’est cette présence de l’eau qui rend l’expérience complètement mystique. Il y a d’abord la traversée en barque au milieu d’un canyon de calcaire, dans l’obscurité quasi-totale, tandis que le guide est à la rame comme un antique passeur – on se demande si on a déjà rejoint les eaux du Styx et s’achemine vers le pays des morts. Puis on parvient aux plus belles salles, et l’eau sculpte des merveilles, comme ces travertins (des espèces de marches monumentales) dans la rivière, ces méduses géantes descendant des plafonds, ou encore ces stalagmites qui ressemblent à des disques empilés (comme à l’Aven Armand, en Lozère). On pourrait passer des heures à explorer les curiosités de Padirac, et on remonte à la surface comme on émerge d’un long rêve étrange. J’ai adoré ce site en prise directe avec l’imaginaire, et je vous le recommande vraiment. Il faut voir Padirac une fois dans sa vie.
J’ai simplement un conseil à vous donner : d’une part, réservez vos places, car le site a un succès fou. D’autre part, des voyageurs m’ont dit qu’en haute saison, l’attente était très longue et que sous la terre, cela peut être un petit peu angoissant d’être longuement bloqué. Evitez donc juillet-août pour visiter Padirac, venez au printemps ou à l’automne !
Visiter le Lot : Rocamadour, sublime rocher de la foi
C’est un des villages les plus connus, les plus emblématiques de France : Rocamadour !
Cela faisait des années que je rêvais de ce sanctuaire mythique, accroché à sa falaise de pierre blonde, où on vient puiser « l’espérance ferme comme le roc ». Tant d’histoires fabuleuses auréolent la belle cité de Rocamadour et son sanctuaire.
On attribue à la Vierge noire de Rocamadour, réfugiée dans son sanctuaire creusé dans le roc, un nombre incroyable de miracles. On dit que la cloche suspendue dans la chapelle a sonné toute seule à maintes reprises, signalant l’intercession de la Vierge, notamment lors de sauvetages de marins qui l’imploraient à des centaines de kilomètres de là.
L’épée plantée dans la pierre ? La légende dit qu’il s’agit de Durandal, l’épée du chevalier Roland. Mourant au combat contre les Maures dans les Pyrénées, il jeta Durandal loin de lui pour que l’ennemi ne s’en empare pas. L’archange Michel l’entraîna jusqu’à Rocamadour et la ficha dans la falaise.
La grotte face à la chapelle ? C’est celle où on découvrit le corps imputrescible de St Amadour, qui donne son nom au village – Rocamadour, le roc d’Amadour.
Rocamadour fut l’un des plus grands sites de la chrétienté au Moyen-Âge, un sanctuaire qui attira les plus prestigieux pèlerins, comme le roi St Louis ou le grand St Bernard. Des seigneurs et des stars viennent à travers les siècles s’agenouiller sur le grand escalier menant au sanctuaire. Un chemin de croix magnifique mène ensuite sur la partie haute du village, d’où vous jouirez d’une vue extraordinaire au sommet du château.
Le village, évidemment classé parmi les plus beaux de France, est d’une beauté fabuleuse, et l’ascension vers le sanctuaire vertigineux est un incontournable absolu du tourisme dans le sud-ouest de la France. Cela restera un des moments forts de notre visite du Lot, et un moment important pour moi, qui suis catholique et très attachée aux grands sanctuaires français. Je rêvais de celui-ci depuis très longtemps et j’adorerais y revenir plus longuement, pour participer réellement à la vie de cette église très dynamique où la ferveur est palpable.
Martel, petit bijou médiéval au nord du Lot
C’est un petit trésor au nord de Rocamadour, moins célèbre que son illustre voisin, mais bourré de charme : Martel est un village médiéval à l’authenticité frappante. De sa silhouette se détachent 7 tours, 7 tours qui dessinent un décor de pochoir ou de film en costumes : donjons, clochers et pigeonniers viennent piquer le ciel du Lot.
Le cœur de Martel est entièrement piéton et donne l’impression d’être entré dans une machine à remonter le temps. Les tours jalonnent ce petit dédale de rues pavées pleines de charme, et la place principale est organisée autour d’une magnifique halle de bois, d’époque, qui rappelle que Martel a été un important carrefour commercial à l’époque des grandes foires médiévales. Tôt le matin ou au crépuscule, l’atmosphère est d’une grande douceur.
Une très bonne adresse typique à Martel : le Petit Moulin
Magali et moi avons dormi dans une très jolie chambre d’hôte : le Petit Moulin. Il s’agit d’un bar à vin et resto de terroir en plein coeur de Martel, dans une rue magnifique, et tenu par une équipe de jeunes super dynamiques et investis dans l’amour de leur pays. Fils de vignerons, ils proposent à la fois les produits de la cave familiale et une cuisine 100% régionale DELICIEUSE. Vraiment, je n’exagère pas : nous avons été bluffée par ce repas alliant authenticité, créativité et produits excellents. Notre plat était à tomber, j’ai rarement mangé un poisson d’eau douce aussi bon et bien préparé. Quant à la chambre d’hôte, tout de bois clair et de lumière cosy, elle est jolie, confortable et bien agencée. Une belle adresse abordable à retenir ! Et l’ambiance est aussi sympa que l’équipe qui accueille.
Et puis, nous avons quitté à regret le Lot, en nous promettant de revenir, et en ayant tout de même le plaisir de retraverser l’Aveyron (et d’acheter un capucin à l’aligot sur l’aire du viaduc de Millau pour ne pas se laisser abattre !). Mes découvertes de cette année ont scellé mon amour avec le versant le plus abrupt, secret et préservé de l’Occitanie. Aveyron, Lozère, Lot : ce coin de France est une pure merveille. J’ai eu un coup de cœur immense pour la beauté du patrimoine et des paysages de cette région profondément imprégnée des traditions d’Occitanie, riche d’une histoire millénaire, et sublimée par sa géologie tumultueuse. La France est belle, mais elle l’est tout particulièrement par ici. Il y a ici la matière à des road trips épiques et inoubliables, sans même franchir les frontières de l’hexagone. Les grands espaces à la française, c’est ici…
J’espère vous avoir donné envie de faire un petit tour dans le Lot et de prolonger le rêve.
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Un grand merci à Lot Tourisme et notamment à Anna pour l’organisation de ce voyage de rêve. Merci à tous les prestataires qui nous ont reçues avec beaucoup de chaleur et d’hospitalité, et tout spécialement le Mercure Figeac Viguier du Roy qui nous a traitées comme des princesses. Le Lot est un paradis méconnu, j’en ai été totalement convaincue… Et bien sûr, merci à mon amie Magali d’avoir été ma pétillante complice sur ce périple !