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30 décembre 2023    /    

Se préparer au GR54, au cœur du parc national des Ecrins-

Le GR54 ? Également appelé Grand Tour de l’Oisans et des Ecrins, il représente pour de nombreux randonneurs un des itinéraires de trek les plus mythiques des Alpes. Sur une durée de douze à quatorze jours, il permet d’arpenter l’ensemble des sept  vallées qui constituent le parc national des Ecrins, et de découvrir à pied les sites les plus emblématiques et majestueux des Alpes du Sud. A travers l’Oisans, le Briançonnais, le Champsaur, , le Valbonnais, la Vallouise et le Valgaudemar, le GR54 offre un concentré des plus belles pépites des Ecrins : sommets mythiques, refuges d’alpinistes, lacs majestueux et cols de légende.
Cela fait plusieurs années que j’ai développé une véritable obsession pour les Écrins, immense espace naturel protégé au cœur des Alpes du Sud, et l’une des plus grandes terres d’alpinisme de toute l’Europe : la richesse de ce massif, véritable labyrinthe de sommets légendaires entortillés autour de profondes vallées secrètes, est inégalée. Après plusieurs belles expériences en alpinisme, en randonnée et en trek dans le parc national des Écrins, comme par exemple l’ascension de la Meije orientale en 2021 et le tour gourmand en Oisans à l’été 2023, mon amour pour cet Éden de la montagne ensoleillée n’a cessé de grandir. Pour l’amoureuse de randonnée itinérante au long cours que je suis, le défi s’imposait : à l’été 2024, ce sera le GR54, le grand tour des Ecrins.

Comment se préparer au GR54, le grand tour de l'Oisans et des Ecrins, pour un sublime trek en itinérance dans le parc national des Ecrins ?
Le lac du glacier d’Arsine, au pied de la montagne des Agneaux : un site mythique des Ecrins

Pourquoi le GR54 ?

Après avoir vécu déjà plusieurs belles randonnées itinérantes dans les montagnes françaises, le GR54 me trottait dans la tête depuis de nombreuses années. Le GR54 est un trek long (entre 12 et 14 jours selon les variantes choisies) et sportif, avec de gros dénivelés : il ne pouvait pas être une première expérience de grande randonnée. Mais après avoir testé sur des treks plus courts ma motivation à franchir des cols de montagne en portant un gros sac, ma motivation n’en fut que renforcée. L’idée d’une immersion de deux semaines au cœur d’un des plus beaux massifs du monde, les Ecrins, ne pouvait que me séduire…

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Les Écrins : un bout du monde à portée de main.

Le GR54 : pour la beauté des paysages

Chacun de mes contacts avec le GR54 a été source d’émerveillement. Parce que ce sentier fait le tour du cœur du Parc national , il n’est pas rare de l’emprunter lors d’une randonnée à la journée, et de marcher quelques kilomètres en suivant son marquage rouge et blanc. Et à chaque fois je m’en suis convaincue : le GR54 traverse les plus beaux paysages des Alpes du Sud. Je rêve déjà de tous les massifs que je n’ai pas encore exploré au sein des Ecrins, comme la Vallouise et ses glaciers, ou le Valgaudemar et ses airs de petit Himalaya trempé dans les lacs à reflets. A ce jour, c’est en Oisans et au pays de la Meije que j’ai commencé à échauffer mes semelles.

Pour une initiation en douceur, j’ai marché sur le GR54 à Villar d’Arène le long de la Romanche, sur ce sentier forestier où mélèzes et bouleaux se mêlent au bord de l’eau, et qui est pour les randonneurs au long cours une pause bienvenue avant la montée au col d’Arsine.

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A Villar d’Arène, sur les bords de la Romanche


Le lendemain, j’ai vécu moi-même cette ascension vers le col d’Arsine par le lac de la Douche, et j’ai été éblouie par le réou d’Arsine, où les eaux du glacier chargées de farines rocheuses tissent dans la plaine fleurie un patchwork de turquoise. Terre glaciaire, sculptée depuis des millénaires par les monstres blancs, les Ecrins portent partout sur leurs pentes abruptes et dans leurs torrents colorés l’empreinte des grands âges de glace.

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Le lac de la Douche

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Le réou d’Arsine

Pour un avant-goût des dénivelés musclés et des panoramas grandioses qu’offre le GR54, je suis montée au col du Vallon (2531m), un des franchissements mythiques du chemin en Oisans. Le panorama qu’offre cette raide montée en lacets est d’une beauté vertigineuse.

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Au col du Vallon, un des grands cols du GR54

A l’été 2023, un autre trek au coeur du parc national des Ecrins, le tour gourmand en Oisans, m’a émerveillée par la beauté de ses rivières, cascades et lacs sertis dans des sommets grandioses.

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La beauté du tour gourmand en Oisans, un autre trek fabuleux dans le parc national des Écrins

La fascination pour la Meije m’a conduite au plateau d’Emparis, où on la voit se refléter dans les lacs Noir et Lérié. La floraison printanière encadrait la reine du Dauphiné d’un tapis rose et violet.

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Face à la Meije dans les fleurs de printemps

Au bord de l’eau, j’ai rencontré un garde moniteur du parc national des Ecrins, qui sensibilisait le public aux bonnes pratiques à respecter pour préserver ce site d’exception, notamment le fait de ne pas se baigner dans les lacs d’altitude. Cette tentation de la fraîcheur est compréhensible, mais il est important de ne pas y céder : le piétinement des rives et du fond du lac, les différents cosmétiques que nous portons sur notre peau, tout cela menace de détruire un écosystème fragile et précieux, où une faune et une flore uniques survivent chaque hiver sous la glace. Cette rencontre pédagogique dans un cadre naturel grandiose m’a fait pleinement prendre conscience de la mission du parc national des Ecrins, et de la chance que nous avons de bénéficier de cet immense espace naturel préservé au cœur des Alpes du Sud, où les sentiers sont entretenus et balisés afin de permettre à tous d’en profiter, et où des gardiens bienveillants nous aident à le protéger.

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Les lacs d’altitude : attention, milieu fragile, baignade interdite !

Pourquoi le GR54 : pour le parc national des Ecrins

Un de mes auteurs préférés, le doux Samivel, mystique des cimes, écrivait :

Voici l’espace. Voici l’air pur. Voici le silence.
Le royaume des aurores intactes et des bêtes naïves.
Tout ce qui vous manque dans les villes
Est ici préservé pour votre joie.
Eaux libres : hommes libres.
Ici commence le pays de la liberté. 

Cet espace « préservé pour notre joie » est pour moi le parc national des Ecrins. Depuis maintenant plus de 50 ans, le parc veille sur un immense espace naturel embrassant sept vallées des Alpes du Sud liées par un même massif, les plus hautes cimes et les profondes vallées sculptées par les glaces. De la Barre des Ecrins (4102m) aux rives de la Romanche, de la Guisane, de la Durance et du Drac, le « royaume des aurores intactes » est pour moi ce périmètre du parc national, qui protège une biodiversité exceptionnelle au cœur de nos montagnes. « Ecrins », jamais un massif n’a mieux mérité son nom, car il est un véritable coffre aux trésors. Plus de 4500 espèces animales et végétales s’épanouissent ici et jouissent de règles strictes qui protègent leur survie.

Le parc a été créé en 1973 avec trois missions principales : la connaissance scientifique (étudier ce milieu d’exception), la protection (préserver la faune et la flore avec le moins de dérangement possible), et enfin le partage : le travail des agents du parc permet de rendre la montagne accessible à tous et de la protéger durablement, pour que chaque génération ait à son tour la chance d’explorer ces massifs fabuleux, de rencontrer des animaux qui ne craignent pas d’être chassés, et d’admirer des fleurs que rien n’aura bétonné et arrasé. Les drapeaux français qui marquent le passage en cœur de parc ont pour moi un double sens très fort : ceci est un trésor national, qui doit être protégé par tous, et dont chaque citoyen a le droit de jouir dans le respect des règles. La liberté de venir randonner à pied dans le parc national des Ecrins est garantie par le travail colossal des agents du parc. Chaque année, des crues, des avalanches et des torrents de boue détruisent des ponts et emportent des sentiers, et chaque année, le parc rénove, restaure, entretient les chemins pour que nous puissions en profiter. Le GR54 est pour moi une chance inouïe d’explorer cette liberté jubilatoire – marcher, à son rythme, librement, dans la montagne – et de découvrir un trésor, dans le respect fondamental des règles qui œuvrent à sa protection. Aucun feu, aucun déchet – pas même organique -, aucune trace de son passage, aucun chien même tenu en laisse, ni VTT ni drone, aucune nuisance sonore : nous sommes invités dans un espace exceptionnel, il nous appartient d’être des hôtes discrets et respectueux.

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Deux sites grandioses… et très fréquentés l’été dans le parc. Ici comme partout ailleurs, il est crucial de respecter les règles du parc pour veiller à sa préservation.

Le GR54, un trek mythique parmi les plus hauts sommets

Le GR54 ? C’est une histoire d’amitié et d’aventure. Au début des années 1960, un instituteur de Mizoen en Oisans, guide en montagne et écrivain illuminé des cimes, Roger Canac, fait un rêve : celui d’un grand tour des Ecrins, à l’image du sentier de grande randonnée qui existe déjà en Haute-Savoie, le tour du Mont Blanc. Un itinéraire pédestre accessible aux bons randonneurs, qui permette d’approcher les sommets mythiques de l’Oisans et des Ecrins sans qu’il faille sortir les crampons d’alpiniste, et qui soit le trait d’union entre toutes les beautés de ce massif immense. Avec des amis, comme Jean-Alix Martinez, ils se réunissent dans le beau village de Besse-en-Oisans, se penchent sur les cartes, et dépoussièrent des sentiers dont les traces sont très anciennes, mais un peu oubliées par la modernité : chemins muletiers, sentiers franchissant les cols, itinéraires tracés par les hommes et les bêtes pour passer d’une vallée à l’autre dans le dédale des Ecrins. Certains cols n’avaient pas été pratiqués depuis des décennies : le GR54, c’est l’itinéraire des pionniers, venus redécouvrir et sonder l’immensité des Ecrins, et réveiller une culture pastorale et paysanne qui a façonné ces alpages séculaires. Les Ecrins, ce sont des sommets, mais aussi des hommes et des femmes, des villages et des hameaux, des estives et des refuges…
Au printemps 1964, l’itinéraire a pris forme, et une dénomination officielle : GR54. Lorsque le parc national des Ecrins sera officiellement créé, moins de dix ans plus tard, cet itinéraire traversant l’ensemble des massifs sera sa colonne vertébrale, la clef de voûte à laquelle de nombreux autres sentiers viendront s’adosser. Le 1er topoguide paraît en 1965. Marcher sur le GR54, c’est mettre ses pas dans ceux des pionniers, et continuer à dérouler le fil de l’histoire humaine de l’Oisans et des Ecrins.
Pour moi qui suis une jeune alpiniste enthousiaste, mais qui n’ai pas le niveau et la confiance suffisantes pour me lancer dans de grandes courses en autonomie, parcourir le GR54 est aussi une façon d’approcher les sommets qui me font rêver, et d’imaginer peut-être parvenir un jour à leur faîte. Après la Meije orientale et le Râteau, je rêve des Rouies, de l’Olan, de la Grande Ruine, de la Dibona, de la Barre des Ecrins, et de bien d’autres sommets légendaires de ce massif qui est la plus vaste terre d’alpinisme sur le continent européen. Le GR54 créera de nouveaux rêves. Il me permettra aussi de continuer à cultiver ma culture alpine, en abordant à pied les sept villages d’alpinisme des Ecrins, dont la culture et l’histoire ont été sculptées à coups de piolet : La Chapelle-en-Valgaudemar, Vallouise-Pelvoux et Ailefroide, Le Casset (Le Monêtier-les-Bains), Saint-Christophe-en-Oisans et La Bérarde, Le Désert-en-Valjouffrey, Villar d’Arène, La Grave.

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Au départ du Casset (village d’alpinisme des Ecrins), l’entrée dans le territoire du parc.

Grâce à des projets cofinancés, le Tour de l’Oisans et des Ecrins a connu depuis 2016 une nouvelle jeunesse avec la réalisation d’importants travaux de restauration de sentiers (soutènement, passerelles…) et la mise en place d’un balisage en cœur de Parc. Le Parc national a également rassemblé des acteurs de l’ensemble des vallées des Ecrins autour d’une campagne de promotion de l’itinéraire s’appuyant sur l’appelation “Grand Tour des Ecrins”. Le GR®54 et d’autres tours itinérants dans les vallées sont ainsi valorisés sur le site www.grand-tour-ecrins.fr.

Le GR54 : pour le défi sportif

J’aime les défis sportifs. Et deux semaines en haute montagne, à avaler chaque jour de gros dénivelés positifs et négatifs, avec mon sac sur le dos et la motivation des sublimes panoramas pour avancer, est une belle aventure. On le sait : le GR54 est une randonnée difficile. Les dénivelés sont importants : au départ du Bourg d’Oisans par exemple, la première étape annonce d’emblée la couleur, avec un beau 1500D+ pour monter à Clavans le Bas. Il faudra franchir de nombreux cols, dont certains élevés (Col du Vallon, 2531m, Col de la Muzelle, 2613m, Col de l’Aup Martin, 2761m), évoluer sur des terrains parfois techniques comme des schistes glissants, mesurer l’effort pour tenir la distance : autant de façons d’apprendre à mieux connaître à la fois la montagne, son propre corps et son mental. Après plusieurs treks en montagne et en plaine (le GR65, sur les chemins de Saint Jacques), j’ai envie de relever ce beau défi de m’embarquer pour 14 jours au milieu des sommets.

tour des aiguilles rouges
Un autre trek vécu entre amies à l’été 2023 : le tour des Aiguilles rouges

Se préparer au GR54

Le GR54 : quelle préparation physique ?

Parce que le GR54 est une randonnée exigeante, je sais que je m’astreins à une vraie préparation physique. A titre personnel, je pratique notamment le crossfit, la course à pied, l’escalade et le yoga, autant de sports qui me permettent de garder une bonne condition physique tout au long de l’année, avec un mélange de cardio, pour l’endurance et tenir dans les longues étapes, et de renforcement musculaire, pour porter mon sac et avoir des muscles prêts à encaisser les montées ET les descentes (qui sont souvent plus douloureuses pour les cuisses !), de gainage et d’étirements, pour avoir un corps souple et qui récupère bien. Ces sports, notamment le crossift et l’escalade, permettent aussi de travailler le mental, de s’habituer à tenir même quand cela devient dur et qu’on en a assez.
Mais je le sais, pour se préparer à un gros trek, rien ne vaut la pratique de la randonnée. Physiquement, rien ne remplace le fait de marcher longtemps avec du dénivelé et du poids dans le dos : c’est un exercice très spécifique. De plus, s’habituer au terrain montagne, à la marche avec bâtons, à négocier un pierrier ou un névé, est quelque chose d’important. Mentalement, il s’agit de s’assurer d’une chose toute simple : vérifier qu’on en a vraiment envie, et que la perspective de passer plusieurs jours (ou, pour le GR54, deux semaines) à crapahuter dans les cailloux nous tente pour de vrai. Bien sûr, le GR54 ne sera pas le premier trek du randonneur itinérant débutant : on peut faire ses armes sur une randonnée plus courte, comme par exemple le Tour gourmand en Oisans (4 ou 5j), que j’ai adoré à l’été 2023. Parmi les trois grands treks des Alpes françaises – Tour de la Vanoise, Tour du Mont-Blanc, Tour de l’Oisans et des Ecrins -, le GR54 est généralement considéré comme le plus difficile : 184 kilomètres à parcourir, 14 cols et plus de 12 800 mètres de dénivelé.

Comment se préparer au GR54, le grand tour de l'Oisans et des Ecrins, pour un sublime trek en itinérance dans le parc national des Ecrins ?
Partir à l’aventure avec son sac au coeur des Ecrins

GR54 : les ressources pour préparer son itinéraire

Le site du Grand Tour des Ecrins est une mine d’or. Il permet de choisir son départ parmi les quatre proposés : au départ de Bourg-d’Oisans, de La Grave, de L’Argentière-la-Bessée ou de La Chapelle-en-Valgaudemar. Chaque étape est détaillée sur le site, avec la possibilité de télécharger les traces GPX pour chaque jour.
Mais parce que les guides papier aident à mieux visualiser son itinéraire, et qu’ils sont un back-up indispensable en cas de défaillance technique (batterie de téléphone vide), le topoguide du GR54, Tour de l’Oisans et des Ecrins (17è édition depuis 1965!), avec cartes, sera un viatique qui nous aidera à la fois à la préparation et durant le trek, pour vérifier chaque jour nos étapes et nous repérer.
Et bien sûr, en tant que blogueuse, je consulte les blogs de ceux qui ont parcouru le GR avant moi, pour anticiper et choisir mes variantes.

En effet, le site du Grand Tour des Ecrins propose des itinéraires légèrement différents en fonction des départs et des options choisies. Au départ de La Grave, l’itinéraire propose des variantes alpines, notamment le passage au plus près de l’Olan : un sentier qui me tente énormément, pour aller au cœur du mythe de l’alpinisme dans les Ecrins. Le départ de La Grave est celui vers lequel je m’oriente actuellement. Mais au départ de La Chapelle-en-Valgaudemar, l’itinéraire propose des variantes plus originales, plus secrètes : est-il possible de combiner et de modifier ? D’ici à l’été prochain, mon objectif sera d’analyser en détail les topos et les cartes afin de créer mon propre tracé sur le GR54, celui qui me permettra d’en voir le plus possible, et de découvrir les Ecrins de la façon la plus approfondie. Je voudrais tout voir, tout vivre, tout photographier ! Et bien sûr, il me faudra prévoir les nuits en refuge.

Les refuges sur le GR54

Refuge ou bivouac ?

Dans le parc national des Ecrins, le bivouac est toléré, à condition de respecter des règles strictes, afin de protéger ce milieu exceptionnel. On demandera aux bivouaqueurs de monter leur tente après 19h et de la ranger avant 9h, de ne laisser aucune trace de leur passage – ni déchet, ni papier WC, ni quoi que ce soit, même un déchet organique –, de ne faire aucun feu, de ne surtout pas faire de vaisselle ou utiliser de savon dans les lacs et cours d’eau, et de s’astreindre à une vraie discrétion pour ne pas perturber la faune.

J’ai fait plusieurs treks en bivouac, et j’ai bien sûr adoré l’expérience. Je garde de très beaux souvenirs de matins en tente sur la grande traversée du Vercors et le tour des Aiguilles Rouges, et je referai d’autres randonnées itinérantes en bivouac. Mais pour le GR54, j’ai choisi de vivre l’expérience en refuges. Pourquoi ?

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Le bivouac, dans le strict respect des règles de préservation de l’environnement bien sûr, a ses charmes. Mais pour le GR54, j’ai fait un autre choix.

  • Pour des questions de logistique : 14 jours, c’est long. 14 jours à porter sa tente, la monter le soir, la démonter le matin, gonfler et dégonfler le matelas, j’ai peur de me lasser. Le confort d’un refuge, c’est de ne gérer que son drap de sac, et de bénéficier d’infrastructures toutes faites, avec plus de confort. Ne porter que la nourriture de la journée sans gérer des ravitaillements en plein parcours, ne pas avoir à planifier les repas, calculer chaque gramme d’un lyophilisé, établir les menus sur 5 jours, cela enlève une charge mentale considérable. Et en cas de pluie battante, savoir qu’on dormira dans une maison en dur et qu’on ne devra pas monter sa tente sous l’averse est un vrai soulagement.

  • Pour des questions de poids : Je l’ai déjà vécu par le passé : 1500D+ ou D- avec un gros gros sac de 16 kilos sur le dos, c’est dur, et cela peut même être trop dur – mal au dos, aux genoux, etc. Je sais que j’aurai déjà pas mal de choses à porter, entre mes vêtements, mon matériel photographique, l’eau, et toutes les petites choses indispensables au trek en montagne en toute sécurité (frontale, couverture de survie, vivres d’urgence, etc). Éviter de porter tente, matelas, duvet, la nourriture pour plusieurs jours, cela allège considérablement, mentalement et physiquement. J’ai envie de me consacrer à mon expérience de la randonnée en la vivant en toute légèreté.
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Petit dej en refuge

  • Pour l’hygiène : même si de nombreux refuges n’ont pas de douche, avoir un lavabo, des toilettes, et une douche de temps en temps sur les étapes qui le permettent, sera un vrai plus. Je n’imaginais pas passer 14 jours sans me laver les cheveux – et bien sûr, il est inenvisageable de se laver dans les lacs. Cela est strictement interdit, pour des raisons évidentes de protection d’un milieu fragile. J’en profite pour glisser : la question des excréments humains est un vrai problème sur certains circuits de randonnée. Pour faire caca de façon éthique, il faut éviter au maximum de le faire dans la nature, essayer de privilégier de vraies toilettes, et si on n’a pas le choix : s’éloigner le plus possible des sentiers et des cours d’eau, prendre le papier WC avec soi dans un sac poubelle et enterrer le reste. Avoir des toilettes dans les refuges me permet de m’affranchir de ce stress, et d’être sûre de respecter scrupuleusement la réglementation du parc national, qui demande de ne laisser aucune trace et de ne causer aucun dérangement.

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Soirée cartes en refuge

  • Pour la convivialité : Dans les refuges, j’ai toujours croisé des personnes passionnantes. Accompagnateurs en montagne et guides de haute montagne, gardiens, randonneurs et alpinistes passionnés, tous sont des amoureux des cimes, et ont toujours des anecdotes, des bons plans, des légendes et des histoires à raconter. Ce sont de belles rencontres humaines qui font aussi l’essence de la randonnée. Et en cas de doute sur une étape de l’itinéraire, pouvoir poser la question aux gardiens ou aux autres randonneurs est très apprécié ! Enfin, les refuges sont des monuments de culture alpine. Qu’ils appartiennent à la STD (Société des Touristes du Dauphiné), au CAF (Club Alpin Français) ou à des associations indépendantes, à des communes ou à des propriétaires privés, qu’ils soient tenus par un gardien ou une gardienne, tous sont porteurs d’une histoire, d’un patrimoine montagnard singulier et puissant, auquel je suis très sensible. Les refuges de l’Oisans et des Ecrins, c’est une histoire humaine très forte, tracée par des pionniers, des aventuriers, des visionnaires, qui ont rendu possible les explorations dans ce massif resté longtemps très sauvage et difficile d’accès. J’aime l’idée de dormir là où les grands alpinistes que j’admire ont eux aussi passé la nuit.

    NB : Toutes les nuits ne se front pas en refuge : certains hébergements sont situés en vallée, ce qui nous permettra d’avoir accès à plus de commodités et aussi, de jeter nos déchets (on ne laisse jamais ses déchets en refuge, car leur évacuation est coûteuse et complexe).

refuges des ecrins
Le refuge qui m’a le plus marquée à ce jour : l’Aigle, sur les flancs de la Meije orientale

Point important : si vous partez pour le GR54 avec nuits en refuge, il est nécessaire de réserver vos nuitées auprès des gardiens en amont. Cela lui permet de s’organiser, et aussi de vous expliquer l’organisation de son refuge. Plus d’infos pour réussir son expérience en refuge ici.

GR54 : les questions que je me pose

Parmi tous les refuges choisis, où sera-t-il possible de se doucher ? Quelles sont les étapes où je pourrai me laver les cheveux ? Autre question importante, celle de l’électricité. Même si je pars avec de puissantes batteries externes, il me faudra à intervalles réguliers pouvoir les recharger afin de garantir l’approvisionnement de mon appareil photo et de mon téléphone. Certains refuges, dont l’alimentation est trop précaire (panneaux solaires…), ne mettent pas de prises électriques à disposition des voyageurs. D’autres, mieux alimentés, peuvent se permettre de le faire. Il me faudra prévoir des nuits avec douches et électricité à intervalles réguliers. Cela sera une étape importante de ma planification. Les sites des refuges, les blogs, l’expérience des voyageurs, tout ceci me sera précieux. A titre personnel, je compte noter très précisément ces informations : vous aurez sur le blog Itinera Magica un article complet sur les refuges du GR54, avec ce qu’on y trouve ! N’hésitez pas à vous inscrire à la newsletter pour ne rien manquer.

Les transports en commun

Parce que mon imaginaire du voyage ne rime pas forcément avec voiture et avion, que le changement climatique et la pollution m’inquiètent, et que j’aimerais montrer qu’il est possible de voyager de façon décarbonée, j’ai choisi de ne pas utiliser de voiture pour arriver sur le GR54 et en repartir. Voyager à pied dès le départ de chez soi, c’est l’objectif de cette aventure ! Mon co-randonneur, Adrien, arrivera de Valence (Drôme) en TER : en tant qu’ambassadrice SNCF TER AURA, je suis une prosélyte du train dans ma région ! Puis au départ de Grenoble, mon camp de base, les possibilités sont nombreuses : des bus nous permettent de relier le Bourg d’Oisans et la Grave, nos deux départs possibles.

grand tour oisans et ecrins
Voyager plus vert

Et la suite ? Eté 2024, GR54

Mon ami Adrien et moi partirons sur le GR54 en juillet 2024, pour 14 jours de randonnée et d’aventure alpine avec nuits en refuge. En tant qu’écrivaine, autrice de plusieurs livres consacrés aux Alpes, photographe passionnée de montagne et créatrice de contenu très tournée vers les cimes, je prévois de tout noter, tout photographier, tout raconter, étape par étape. Les récits du GR54 seront disponibles tout d’abord sur mes réseaux sociaux, notamment Instagram, en direct ou presque (en fonction du réseau et de l’état de ma batterie !). Puis ils pourront être lus ici, sur le blog Itinera Magica, ainsi que sur le site du Parc national des Ecrins. N’hésitez pas à vous inscrire à la newsletter pour ne rien manquer. Et je l’espère, ils feront l’objet d’un nouveau projet littéraire… raconter les montagnes, le rêve d’une vie !
RDV à l’été 2024 pour cette belle aventure…

Comment se préparer au GR54, le grand tour de l'Oisans et des Ecrins, pour un sublime trek en itinérance dans le parc national des Ecrins ?
De nouvelles aventures au coeur du parc national des Ecrins…

Les images figurant dans cet article ont été réalisées dans le respect des règles en vigueur dans le cœur du Parc national des Écrins, avec l’autorisation du directeur de l’établissement public.

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